L'INFO. Des perquisitions ont été menées jeudi matin au domicile de Bernard Tapie et de Stéphane Richard, actuel PDG de France Télécom et ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, selon les éléments recueillis par Europe1, confirmant une information du Monde. La brigade financière enquête sur le jugement d'un conflit entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais en 2008 et met en cause les rôles de Christine Lagarde, à l'époque ministre de l'Economie, et Nicolas Sarkozy, alors président de la République, dans le règlement de l'affaire.
A l'origine : l'affaire Tapie-Crédit Lyonnais-Adidas. En 1993, Bernard Tapie revend Adidas via le Crédit Lyonnais mais l'homme d'affaires se dit floué par la banque. Il lance une action judiciaire et obtient en 1996 135 millions de dommages et intérêts du CDR (le "Consortium de réalisation" chargé de gérer le passif du Crédit Lyonnais). Mais en 2006, la Cour de cassation annule la décision. Fait inhabituel, l'Etat accepte alors un arbitrage privé. Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie, donne son feu vert. Bernard Tapie obtient ainsi, en 2008, 285 millions d'euros de fonds publics. Deuxième surprise : l'Etat refuse d'exercer un recours contre la sentence alors que plusieurs spécialistes l'y encouragent.
Les doutes. Pourquoi Christine Lagarde a-t-elle accepté l'arbitrage privé et refusé de faire appel ? En août 2011, la Cour de Justice de la République ouvre une enquête sur l'ancienne ministre, actuellement directrice du FMI. En septembre 2012, une information judiciaire est également ouverte à Paris pour "usage abusif de pouvoirs sociaux et recel de ce délit". Selon Le Monde, les enquêteurs sont en possession d'une lettre anonyme à entête du ministère des Finances qui pointe les pressions dont aurait été victime Christine Lagarde sur ce dossier, notamment de la part de Jean-Louis Borloo, ancien avocat de Bernard Tapie, et de Nicolas Sarkozy. L'ancienne ministre "sera prochainement convoquée par la CJR, sous un statut qui reste à déterminer (témoin assisté ou mise en examen)", précise le quotidien.
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Sarkozy mis en cause ? D'après Le Monde, "le juge Jean-Michel Gentil, chargé à Bordeaux de l'affaire Bettencourt, dans laquelle l'ex-chef de l'Etat est témoin assisté, a récemment transmis aux magistrats de la Cour de justice une copie de certains agendas de M. Sarkozy susceptible d'éclairer leur enquête". L'ancien président de la République aurait en effet reçu à plusieurs reprises Bernard Tapie ainsi que Pierre Mazeaud, l'un des trois arbitres chargés de trancher l'affaire.