Aide aux chômeurs : un rapport sévère

En période "de chômage élevé et de ressources budgétaires rares", la "seule possibilité" est "de mieux cibler les instruments disponibles sur les demandeurs d'emploi qui en ont le plus besoin", a résumé mardi le premier président Didier Migaud
En période "de chômage élevé et de ressources budgétaires rares", la "seule possibilité" est "de mieux cibler les instruments disponibles sur les demandeurs d'emploi qui en ont le plus besoin", a résumé mardi le premier président Didier Migaud © MAXPPP
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Thomas Morel avec agences , modifié à
La Cour des comptes critique sans détour des politiques françaises en faveur de l'emploi.

• L'INFO. Les magistrats de la rue Cambon ont fait les comptes et leur diagnostic est sévère. Le dispositif français en faveur de l'emploi reste "largement inadapté à un contexte de chômage durablement élevé" et ne cible pas suffisamment ceux qui en ont le plus besoin, explique la Cour des comptes dans un rapport publié mardi. Plus globalement, la Cour estime que la France a abordé la crise de 2008-2009 "avec des instruments de politique de l'emploi parfois obsolètes, dont l'efficacité s'est révélée décevante". Europe1.fr passe au crible les solutions préconisées par l'institution pour redresser la situation. 

Le diagnostic : un système en crise. Selon la Cour, l'avenir de l'assurance-chômage est de plus en plus incertain. Pour 2013, l'Unedic table sur un déficit de 5 milliards d'euros, qui porterait la dette totale à 18,6 milliards. Plusieurs facteurs aggravent la situation. D'abord, un problème de mentalité. Les patrons français privilégient en effet les réductions d'effectifs par rapport au recours au chômage partiel en cas de baisse d'activité, ce qui augmente mécaniquement le nombre de demandeurs d'emplois. la protection offerte par l'assurance chômage, "plus favorable" que dans beaucoup de pays d'Europe, aggrave cette situation : il est beaucoup plus facile de bénéficier de l'indemnisation, et la rémunération du chômeur est plus importante. Enfin, la Cour pointe du doigt l'inefficacité des mécanismes de lutte contre le chômage, et particulièrement des contrats aidés, qui sont coûteux et ne permettent pas de réinsérer les chômeurs sur le marché de l'emploi.

Les remèdes : revoir tout le financement du système... Afin de redresser la barre, les experts de la Cour des comptes estiment qu'il faut une révision de "l'ensemble des paramètres" : ouverture des droits, durée de cotisation, montant des indemnisations, etc., tout doit être remis à plat. Ils proposent également que les employeurs ayant massivement recours aux contrats courts payent plus de cotisation chômage, une idée déjà intégrée dans l'accord sur la sécurisation de l'emploi signé il y a dix jours entre les partenaires sociaux.

La Cour épingle également l'indemnisation des intermittents, jugée beaucoup trop généreuse (un milliard de déficit "au profit de 3% seulement des demandeurs d'emploi"). Elle propose aussi d'abaisser les indemnités des plus hauts niveaux et de revoir "l'indemnisation en activité réduite", en pointant le "risque" que l'assurance-chômage finance "un revenu de complément durable à des salariés en activité précaire".

... et concentrer les moyens sur les plus fragiles. Présenté quelques jours après l'accord sur la réforme du marché du travail, qui doit être transposé dans une loi, le rapport de l'institution émet 25 recommandations pour réorienter les politiques en faveur de l'emploi (50 milliards d'euros en 2010) vers "les salariés les plus fragiles, peu formés ou en emploi précaire". Il propose entre autres de fusionner les différents dispositifs de chômage partiel, de mieux cibler les formations professionnelles, ou encore d'accroître les incitations au retour à l'emploi. En période "de chômage élevé et de ressources budgétaires rares", la "seule possibilité" est "de mieux cibler les instruments disponibles sur les demandeurs d'emploi qui en ont le plus besoin", a résumé mardi le premier président, Didier Migaud.