C'est un défi de haut vol que se lance Air France, décidée à regagner du terrain face aux compagnies low cost comme Easy Jet ou Ryanair.
Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d'Air France a dévoilé lundi à Marseille sa stratégie de "bases en province", s'inspirant des recettes qui ont fait le succès des low cost. Objectif : augmenter l'offre de vols et conquérir 4.5 millions de passagers par an dès 2012.
Les équipages mis à contribution
Une opération rendue possible grâce à une baisse des coûts de 15%. L'économie réalisée sera le fruit d'une hausse de productivité consentie par les pilotes. " Nous avons décidé de faire tourner nos avions de façon intense tout au long de la journée avec un minimum de temps mort (...), un temps d'escale de 30 minutes, ", a expliqué Pierre-Henri Gourgeon lors d'une conférence de presse lundi.
Les pilotes feront 25% d’heures de vol en plus. En contrepartie, leur rémunération devrait progresser de l'ordre de 12,5%. Leurs jours de repos seront également accrus, avec toutefois des journées de travail plus chargées.
Des vols à partir de 50 euros
Une baisse des coûts qui permettra à Air France de proposer dès octobre treize liaisons depuis Marseille vers la France, l'Europe et le bassin méditerranéen à partir de 50 euros l'aller TTC. Il s’agira notamment de liaisons vers Mulhouse, Biarritz, Brest ou encore Beyrouth et Casablanca.
Après Marseille à l'automne, Air France installera des bases à Nice, Toulouse ou Bordeaux en mars 2012. Air France augmentera également ses capacités sur des lignes domestiques existantes.
Au total, le trafic généré pourrait atteindre entre quatre et cinq millions de passagers par an en 2012, pour un chiffre d'affaires supplémentaire de "400 à 500 millions d'euros" par an, a détaillé Bruno Matheu, directeur général délégué commercial d'Air France.
Air France refuse l’étiquette "low cost"
Sur ces destinations, la compagnie assure qu’elle conservera le service Air France.
"Nous n'avons pas du tout l'intention d'offrir à bord de ces avions un service low cost", a souligné lundi Pierre-Henri Gourgeon. "Les passagers bénéficieront des services gratuits d'Air France qu'ils plébiscitent : bagage enregistré gratuit, sélection de quotidiens à l'embarquement, collation, choix du siège, etc", a précisé Air France dans un communiqué.
Une stratégie qui s'oppose à celles des compagnies à bas coûts qui facturent tous ces services mais qui proposent des billets à des prix encore plus bas. "Le produit low cost, c’est celui de Transavia (groupe Air France) qui va continuer à opérer", avait auparavant prévenu le directeur général d’Air France.
Du côté des low cost, l’heure n’est pas à l’affolement. Contactée par Europe1.fr, Easy Jet a assuré que la compagnie n’était pas "en ordre de bataille à Marseille". "Easy Jet est déjà installée dans des pays très concurrentiels, la France n’est pas le premier", poursuit une employée.
Le projet divise en interne
Les pilotes du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) ont déjà approuvé à hauteur de 54,7% le projet. Les hôtesses et stewards sont plus réticents. Les trois syndicats d'hôtesses et de stewards représentatifs chez Air France - Unsa, Unac et SNPNC - ont décidé de ne pas signer le projet d'accord, mais la direction va faire appel à des volontaires.
Néanmoins, "l'accord n'est pas indispensable", a précisé lundi Pierre-Henri Gourgeon, précisant que ces bases pourraient s'organiser en dehors d'un accord syndical, en faisant appel au "volontariat".