Air France : en attendant la fin de la grève, l'imbroglio

© reuters
  • Copié
avec agences , modifié à
NÉGOCIATIONS - Le secrétaire d'Etat aux Transports a annoncé l'abandon du projet Transavia Europe avant d'être démenti par Air France.

Le conflit social en cours chez Air France est-il en train de toucher à sa fin ? Alors que le secrétaire d'Etat aux Transports assurait mercredi matin que le principal sujet de discorde, la création de Transavia Europe, était abandonnée, la direction l'a démenti quelques minutes plus tard. Interrogé mercredi par Europe 1, le Pdg d'Air France, Frédéric Gagey a même été très clair : les négociations continuent et "la grève n'est pas terminée à Air France, hélas". Quelques heures plus tard, Manuel Valls n'a pas souhaité trancher ce débat, insistant sur le fait qu'il "faut trouver une solution dans les heures qui viennent".

>> LIRE AUSSI - Air France : que peut faire le gouvernement ?

vidalies-carre

Vidalies annonce l'abandon de Transavia Europe. Après avoir promis de le mettre entre parenthèses, la direction d'Air France aurait tout simplement décidé d'abandonner son projet de fonder une filiale à l'étranger baptisée Transavia Europe, a annoncé mercredi matin le secrétaire d'Etat chargé des Transports. "Le projet Transavia Europe est abandonné par la direction" d'Air France, a déclaré Alain Vidalies sur RMC, précisant : "le projet n'est pas suspendu pour trois mois, il est retiré".

Air France pas vraiment sur la même ligne. Sauf que la direction à tenu à préciser dans la foulée qu'il "prématuré de dire" que Transvia Europe était abandonné. "Aucun changement dans les négociations ne permet d'affirmer que ce projet est retiré. La proposition reste de suspendre ce projet (Transavia Europe) et d'ouvrir une large concertation, un large dialogue avec les partenaires sociaux d'ici à la fin de l'année, comme avancé par la direction lundi", a souligné un porte-parole de la compagnie aérienne.

24.09.Francois.gagey.Air.France.Reuters.640.640

© REUTERS

"La grève n'est pas terminée à Air France, hélas". Interrogé mercredi par Europe 1, le Pdg d'Air France, Frédéric Gagey, a estimé qu'il "n'y a pas de confusion. Ce qu'on dit c'est qu'il y a d'abord une priorité, qui est le développement de Transavia France. S'agissant du projet européen, qui consiste à ouvrir des filiales en dehors de France, (...) on a indiqué qu'il fallait à ce stade suspendre". "On a effectivement retiré l'idée de créer maintenant ces filiales, cela est clair. On a bien compris qu'il fallait réexpliquer ce projet". Mais, a-t-il précisé, "on maintient qu'il fallait ouvrir le dialogue sur ce sujet".

"Aujourd'hui la balle est dans le camp du SNPL. On a indiqué de manière extrêmement clair qu'il fallait qu'on négocie avec les partenaires sociaux pour savoir s'ils voulaient ou pas de ce projet, on prendra le temps pour le faire. Si cette négociation ne mène nulle part, il n'y aura pas d'autre solution que de dire qu'on arrive pas à s'en sortir et, qu'à ce stade, on ne pourra pas créer ces points de développement du groupe hors de France". "Le fil du dialogue n'est pas rompu, il faut avancer". "La grève n'est pas terminée à Air France, hélas. On le regrette infiniment, on considère que ce conflit est beaucoup trop long compte-tenu des enjeux".

EXTRAIT - Frédéric Gagey :"la grève n'est pas...par Europe1fr

Manuel Valls ne tranche pas. Les propos du Premier ministre, mercredi en fin de matinée, n'ont pas mis fin à l'incertitude. "La création de Transavia en France doit être maintenue. Si celle de Transavia Europe doit être conservée ou abandonnée, il faut le décider vite, dans les heures qui viennent", a-t-il déclaré, avant d'ajouter que, selon lui, "Air France est en danger".

Les syndicats attendent d'avoir des certitudes. Face à ces discours discordants, les syndicats de pilotes préfèrent temporiser, d'autant que les négociations auxquelles ils participent ne leur permettent pas d'être sûr que le projet Transavia Europe est bel et bien enterré.

>> LIRE AUSSI - Grève Air France : 46% des vols assurés mercredi

Une grève de dix jours. Les pilotes de ligne sont en grève depuis lundi 15 septembre pour protester contre la nouvelle feuille de route de la direction, baptisée Perform 2020. Confrontée à une fuite de sa clientèle vers les compagnies low cost, Air France souhaite en effet développer sa propre filiale à bas-coûts, Transavia. Un plan qui passerait par le renforcement de Transavia France et la création d'une filiale à l'étranger, probablement au Portugal, baptisée Transavia Europe. Or les pilotes refusent le recours à des pilotes étrangers, dénonçant un dumping social à peine déguisé. Plus qu’un simple report, ils demandent la suppression pure et simple de Transavia Europe.