La pilule a du mal à passer. Alors qu'Air France traverse une zone de turbulences sans précédent, le syndicat Unsa aérien s'est élevé jeudi contre un projet de résolution prévoyant une prime de "non-concurrence" de 400.000 euros pour l'ex-directeur Pierre-Henri Gourgeon. Une somme qui doit être soumise au vote des actionnaires le 31 mai prochain, lors de l'assemblée générale. Mais surtout une dépense, qui va à l'encontre de l'actuelle politique économique de l'entreprise.
En plein régime
La compagnie aérienne a en effet présenté jeudi les orientations de son plan Transform 2015. Objectif : économiser deux milliards d'euros sur trois ans. Air France se met donc au régime et prévoit notamment des milliers de départs volontaires, un gel des embauches et des salaires ainsi qu'une augmentation du temps de travail. Après ces annonces drastiques, l'Unsa aérien dénonce donc "énergiquement le versement scandaleux de cette prime à son ancien directeur général", dans un communiqué publié jeudi.
2,2 millions d'euros pour 6,5 mois de travail
"Sur fond de crise grave et dans un contexte de résultats dégradés depuis plusieurs années, l'Unsa, 2e syndicat de l'entreprise, appelle l'ensemble des actionnaires, salariés et institutionnels ainsi que l'Etat, actionnaire à 17%, à refuser catégoriquement cette proposition indécente", écrit le syndicat.
Le syndicat précise également, que si "cette prime est approuvée", la rémunération globale de l'ancien dirigeant d'Air France s'élèvera à quelque 2,2 millions d'euros pour 6,5 mois de travail.
Un scandale
"Qui peut concevoir que l'on demande d'un côté des efforts financiers aux salariés de la compagnie et d'autre part verser à un 'ex grand patron', qui a échoué dans sa mission, une somme aussi colossale", conclut le texte.
Pierre-Henri Gourgeon a démissionné de la tête d'Air France-KLM en octobre dernier, après un peu plus de six mois de service. En février dernier, l'ex-dirigeant de la compagnie avait déjà été au centre d'une polémique au sujet de billets à tarifs très réduits en classe business pour l'île Maurice pour lui, sa femme et deux autres personnes. Il avait finalement renoncé à profiter de ces billets face à l'émoi provoqué au sein du personnel, auquel de gros efforts sont demandés.