Environ 330 millions d'euros. C'est la facture de la grève de 14 jours des pilotes français d'Air France-KLM, selon les résultats du troisième trimestre publiés mercredi. Au-delà de la grève, la compagnie aérienne s'inquiète d'un contexte morose et se dit "résolue" à réduire encore ses coûts.
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- 6,7% de chiffre d'affaires. Dans un mouvement sans précédent depuis la naissance d'Air France-KLM, la majorité des pilotes d'Air France s'était mise en grève du 15 au 28 septembre pour s'opposer à un projet de développement de la filiale à bas coût Transavia France. La moitié des avions de la compagnie française avaient été cloués au sol entraînant une chute du trafic de 15,9% pour les passagers et de 17,7% pour le cargo pour le seul mois de septembre. Les pilotes n'avaient repris le travail que sous la pression du gouvernement et d'une opinion hostile.
Conséquences : le résultat d'exploitation ne s'élève qu'à 247 millions, contre 641 un an plus tôt. Le chiffre d'affaires a, lui, été réduit de 416 millions par la grève, à 6,69 milliards (-6,7%). Le résultat net a chuté de 32% à 100 millions, a détaillé le groupe aérien franco-néerlandais.
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Hors grève, une quasi stabilisation… S'il n'y avait pas eu la grève, Air France-KLM publierait un chiffre d'affaires quasiment stable (+0,2%) et un résultat d'exploitation qui ne diminuerait que de 18 millions. Mais le groupe continue de pâtir d'un contexte difficile. "L'économie de la zone euro n'a pas montré au cours du troisième trimestre les signes de vitalité que certains lui prêtaient en début d'année. Nous sommes toujours dans une économie +sluggish+ (molle)", a résumé Pierre-François Riolacci, le directeur financier, lors d'une conférence téléphonique.
"L'environnement n'a pas été simple pour le transport aérien avec des surcapacités sur certaines zones en particulier, sur l'Asie et, dans une moindre mesure, sur l'Amérique du Nord", poursuit le dirigeant. Ces surcapacités (en gros, trop d'avion, pas assez de clients), liées à la concurrence, font pression sur les prix et donc sur les recettes unitaires. D'autant que les effets de la grève devraient se poursuivre au dernier trimestre avec un retard des réservations. Combiné à un marché qui "restera assez atone", le groupe rappelle qu'il prévoit un impact négatif de l'ordre de 500 millions d'euros sur l'excédent brut d'exploitation 2014.
Vers de nouvelles économies. "Le groupe est résolu à limiter les conséquences de la grève et de la détérioration des recettes unitaires intervenues au cours de l'été, en adaptant les programmes d'investissement, en accélérant la réduction des coûts unitaires et en gérant de façon dynamique son portefeuille d'actifs", prévient le groupe, en guise de réaction.
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Le directeur financier a toutefois fermement démenti les informations de la presse néerlandaise qui évoquait mardi la suppression de 7.500 emplois. Il s'agit d'"adapter au mieux la flotte à l'environnement économique", a-t-il précisé. L'une des options est, par exemple, de transformer la commande d'Airbus A380 en A350, moins onéreux. Le groupe envisage également la possibilité de céder des parts encore détenues dans Amadeus, le numéro un mondial de la réservation de voyages.