L'annonce de la construction d'une fusée Ariane 6 à peine annoncée, son principal constructeur est déjà dans les starting-blocks. "Depuis ce matin, la société industrielle qui construira Ariane 6 existe. Nous y sommes, nous sommes prêts pour démarrer les travaux", a déclaré Marwan Lahoud, directeur général délégué à la stratégie d'Airbus Group, mercredi matin sur Europe 1. "On a commencé à travailler depuis le mois de mai dernier pour trouver une solution qui soit efficace, qui maintienne le leadership européen en matière de lanceur", a-t-il souligné.
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Ariane 6, une réponse à la concurrence. Mais pourquoi l'Europe se lance-t-elle dans la construction d'un nouveau lanceur de satellites ? "Nous sommes leader du lancement spatial, nous ne pouvions pas laisser passer cette position de suprématie européenne, nous ne pouvions pas laisser la concurrence prendre sur nos parts", a précisé Marwan Lahoud. Et pour cause : "la surprise stratégique est venue de là où nous ne l’attendions pas, de quelqu’un, un privé (la société Space X fondée en 2002 par Elon Musk, ndlr)), qui a une approche commerciale de cette industrie, ce qui est rare. Nous devions réagir, nous avons réagi, nous serons compétitif, nous serons au rendez-vous en 2020".
A quoi ressemblera-t-elle ? "Ariane 6, c’est d’abord l’héritage d’Ariane, d’Ariane 5. Ariane 5, c’est le lanceur le plus fiable et le plus performant qui existe. Donc les équipes qui ont fait Ariane 5 sont celles qui feront Ariane 6 mais en tirant les leçons d’Ariane 5. C’est une fusée modulaire, c’est-à-dire qu’on va réutiliser le maximum de choses, c’est une fusée fiable, qui va utiliser tout le savoir-faire européen", a détaillé Marwan Lahoud.
Avant de préciser : "On va reprendre le moteur de l’étage principal d’Ariane 5, le rénover. On va faire un étage supérieur qu’on devait développer pour Ariane 5. On va prendre le moteur à poudre de Vega, c’est-à-dire le petit lanceur italien. On réutilise tout ce qui existe en Europe" :
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Et Marwan Lahoud d'y voir une bonne nouvelle en termes d'emploi : "le maitre d’œuvre sera le GIVE, la co-entreprise entre Safran et Airbus, mais cela concerne toute l’Europe : l’Italie, l’Allemagne, la Belgique, etc. Avec des emplois partout en Europe et des emplois de très haute technologie".
Quelle facture pour l'Europe et les clients ? "La fusée coûtera 3 milliards en développement, c’est-à-dire pour être construite pour la première fois, et il y aura 800 millions d’euros de travaux à Kourou, pour adapter les pas de tirs", a précisé Marwan Lahoud. Pour les clients, qui paient actuellement "entre 120 et 130 millions d’euros" par lancement, la facture sera réduite significativement : "il y a deux versions d’Ariane 6, 62 et 64 : l’objectif, c’est 70 millions d’euros pour la 62 et 90 millions d’euros pour la 64".
Retrouvez l'édito éco d'Eric Le Boucher, consacré au même sujet :
Et l'interview de Marwan Lahoud dans son intégralité :
Marwan Lahoud : "nous sommes prêts pour...par Europe1fr