De dégraissage en dégraissage. L'équipementier en télécommunications Alcatel-Lucent a anoncé mardi matin, à l'occasion du comité d'entreprise européen du groupe, un vaste plan de suppression d'emplois. Michel Combes, PDG du groupe depuis avril 2013, détaille dans les colonnes du Monde sont projet, le plan "Shift", qui s'ajoute aux nombreux plans qui ont secoués l'entreprise depuis des années. Le président d'Alcatel-Lucent précise que le groupe doit "économiser un milliard d'euros" et va "céder d'ici 2015 pour un milliard d'euros d'actifs".
15.000 emplois. La masse salarial fait les frais de ces économies. 15% des effectifs du groupe estimé à la fin 2013 vont être supprimés, une économie de 15% des coûts fixes est prévue. En parallèle, Alcatel-Lucent annonce la création de 5.000 autres emplois. Soit une perte sèche de 10.000 postes. Michel Combes donne des précisions sur ces suppressions : "la région Europe-Afrique-Moyen-Orient, à hauteur de 4 100 postes, l'Asie-Pacifique, pour 3800 postes. Il y aura aussi 2 100 suppressions de postes sur le continent américain".
900, rien qu'en France. "En France, 900 départs sont prévus, soit 10% des effectifs, et 900 autres seront touchés, soit par le biais de mutations en raison de fermetures de sites, soit par l’externalisation de certains postes comme dans les services informatiques. Ces salariés seront repris par des prestataires", écrit le quotidien Les Echos, une information confirmée par le groupe. Michel Combes justifie ces suppression par "la baisse drastique du chiffre d'affaires généré dans l'Hexagone ces dernières années", qui ne représente plus que 5 % des ventes globales.
Deux fermetures. Alcatel-Lucent va fermer les sites de Toulouse et Rennes, et céder ceux d'Eu et Ormes. Le patron d'Alcatel assure toutefois que la France sera moins impactée en termes de Recherche et développement (R&D). L'objectif : "faire de la France un centre d'excellence sur le très haut débit mobile (la 4G) et sur les plateformes logicielles de réseaux". A cette fin, le groupe va créer un nouveau pôle de compétence de taille mondiale à Villarceaux (91), avec 200 recrutements d'ingénieurs et d'informaticiens à la clef.
Mobilisation syndicale. "Fermer Rennes, cela concerne 130 personnes", explique sur Europe 1 Daniel Rondeau, délégué de la CGT à Orvault dont le site est également menacé. "Il peut y avoir entre 200 et 300 personnes concernées à Orvault. Quand on entend le Premier ministre dire qu'il faut favoriser l'emploi, nous ce qu'on voit c'est qu'Orvault peut disparaître du paysage informatique, ce qui nous semble être une aberration", ajoute-t-il. La mesure est "dramatique pour la tranche d'âge 40-50 ans et si dans un premier temps, la déception et l'abattement vont vite laisser place à la hargne et la défense de l'emploi", prévient le syndicaliste.
Un an, presque jour pour jour. Le 18 octobre 2012, Alcatel-Lucent annonçait déjà un plan social portant alors sur 5.490 postes, dont 1.430 en France. "Ce sont des décisions difficiles mais elles sont nécessaires pour la santé et la rentabilité durable du groupe à long terme", justifiait à l'époque un porte-parole d'Alcatel. En juin dernier, le groupe avait annoncé s'engager dans une mue complète. Michel Combes, le nouveau directeur général d'Alcatel Lucent, avait prévenu : l'entreprise doit passer "d'un généraliste des équipements de télécommunications à un spécialiste industriel des réseaux IP (sur internet) et de l'accès très haut-débit mobile et fixe, deux activités essentielles aux réseaux de nouvelle génération". Trop tard ?
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