Le secteur bancaire allemand sera-t-il la prochaine victime de la crise de la dette dans la zone euro ? D'après le magazine allemand Der Spiegel, Berlin pourrait à nouveau venir au secours de la Commerzbank si celle-ci ne parvient plus à se refinancer.
Fin 2008 déjà, l'Etat allemand avait mis en place un plan de sauvetage des banques en créant un fonds spécial pour la stabilisation des marchés financiers : le SoFFin. A l'époque, les autorités étaient parties à la rescousse de la Commerzbank en acquérant 25% du capital de l'établissement.
798 millions d'euros de pertes sur la Grèce
Si la deuxième plus grosse banque allemande ne parvenait pas à trouver suffisamment d'argent frais pour financer ses activités au premier semestre 2012, Berlin pourrait alors ressusciter ce programme resté inactif depuis le 1er janvier 2011. L'Etat fédéral rachèterait alors massivement les actions que la banque proposerait lors d'une éventuelle augmentation de capital. Une information qui n'a été ni commentée ni démentie par les autorités.
La Commerzbank pourrait en effet se retrouver en grande difficulté à l'approche de l'été. La banque a subi de nombreuses pertes avec la chute des prix des obligations souveraines de la zone euro, ces parts de dettes émises par les Etats. Au troisième trimestre de cette année, la banque a dû diminuer de 798 millions d'euros la valeur dans son bilan des obligations grecques qu'elle détient, ce qui a plombé ses comptes.
Pas assez de fonds propres
La deuxième banque allemande doit par ailleurs augmenter son ratio de fonds propres "durs" (capital social et bénéfices mis en réserve) pour respecter les nouvelles contraintes prudentielles. Le régulateur bancaire européen, l'EBA, exige que ce ratio de fonds propres soit porté à 9% d'ici la mi-2012. Et ce dernier avait provisoirement calculé fin octobre un besoin de recapitalisation de 2,9 milliards d'euros pour la deuxième banque allemande d'ici le 30 juin 2012. Or, avec l'aggravation de la crise, ce chiffre pourrait bien être largement revu à la hausse et passer à environ 5 milliards d'euros.
La situation de la Commerzbank est donc délicate. Si elle ne trouve pas suffisamment d'argent frais pour financer ses activités, elle ne pourrait plus faire face à ses engagements et ferait donc faillite. Afin d'éviter la catastrophe, la banque allemande a déjà engagé une cure d'austérité pour améliorer sa solvabilité.
Toujours pour renforcer ses fonds propres, la banque allemande a annoncé lundi vouloir rembourser de manière anticipée une partie de sa dette pour 600 millions d'euros, car celle-ci a beaucoup perdu de valeur sur les marchés ces derniers mois.
Les difficultés de la Commerzbank pourraient avoir un important impact sur la zone euro. Car en cas d'aggravation de la crise de la dette et si la Commerzbank ne parvenait pas à s'en sortir, l'Allemagne pourrait revenir sur sa position intransigeante concernant le rôle de la Banque centrale européenne.