L’INFO. Le mariage d'Alstom avec l'Américain General Electric n’est pas encore fait ! Si l’Etat a publié les bans en donnant sa préférence pour le groupe américain, plutôt qu’à son concurrent allemand Siemens, le dossier est loin d’être fermé. Le point majeur du scénario négocié entre les pouvoirs publics, General Electric et Alstom, prévoit l’entrée de l’Etat au capital du nouvel ensemble à hauteur de 20%. Pour cela, l'Etat doit racheter les deux tiers de la participation que Bouygues détient dans Alstom. Problème : les négociations entre le groupe de BTP et l’exécutif français piétinent. L'exécutif français attend néanmoins des "avancées" d'ici la fin de la journée.
Bouygues en veut plus. C’est une histoire de gros sous qui ralentit le processus. Du côté du groupe de Martin Bouygues, on souhaite vendre à un bon prix, en l'occurrence 2,1 milliards d’euros. Mais l’Etat français n’est pas prêt à débourser autant, il compte plutôt investir 1,7 milliard.
Les positions restent donc pour l’instant statiques. Pour Bouygues, l’objectif est de renflouer ses caisses. L’entreprise a besoin de cash pour relancer ses activités dans les Telecoms après l’échec du rachat de SFR. Il souhaite aussi engranger une plus-value par rapport à 2006 lorsqu’il avait racheté ces parts d’Alstom pour 2 milliards d’euros à… l’Etat.
L’Elysée menace. A l'Elysée, on met la pression sur Bouygues et on rappelle que les négociations doivent aboutir avant l’ouverture de la Bourse lundi matin à 9h sous peine d’un décrochage du titre Bouygues. On ajoute même que si rien n’avance, l’offre de Siemens et de Mitsubishi pourrait clairement revenir en jeu. "S'il n'y a pas d'avancées, s'il n'y avait pas cette vente à un prix que pour le gouvernement soit acceptable, alors il y aurait nécessairement à revenir sur l'alliance telle qu'elle vient d'être annoncée", a déclaré François Hollande dans l'après-midi.
Cette dernière hypothèse reste néanmoins assez peu crédible. Lorsque le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, a annoncé vendredi le choix du gouvernement en faveur de General Electric, il a expliqué que l’offre de Siemens avait surtout été bloquée par un obstacle important : les règles de la concurrence européenne.
L’Etat a l’argent. Si l’Etat français négocie, c’est surtout pour ne pas trop dépenser, même si selon Bercy, il a les moyens de ses ambitions. Depuis deux ans, il a vendu des titres de plusieurs entreprises dans lesquelles il a des participations : Safran, EADS ou encore Aéroport de Paris. Selon les derniers pointages en janvier, ces mouvements de capitaux lui ont permis d’engranger 3,5 milliards d’euros. En utilisant ces réserves, il pourra largement financer l’opération avec Bouygues.
Un nouveau groupe. L’alliance Alstom/General Electric permettra la constitution d'un acteur mondial de premier plan dans le secteur des turbines à vapeur qui équipent les centrales nucléaires ou encore des énergies renouvelables comme l'éolien en mer et l'hydro-électrique. Il permettra également de maintenir de l’emploi en France puisque le groupe américain s’est engagé à créer 1.000 emplois industriels nouveaux sur trois ans. Il sera néanmoins sous la surveillance d’un Arnaud Montebourg qui a prévenu : si l’engagement n’est pas tenu, il y aura des pénalités financières.
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