L’INFO. Peut-être une façon d’amadouer l’exécutif français avant de sceller le sort d’Alstom. General Electric a fait part de sa volonté de créer "un leader mondial de l'énergie en France", où il veut créer des emplois en rachetant les activités énergétiques d'Alstom, dans une lettre adressée mardi au président de la République. Le dirigeant de l’entreprise a souligné la complémentarité des activités d'Alstom et de GE, qui compte 10.000 salariés dans l'Hexagone, contre 18.000 pour le groupe français.
Implanter des centres de décision. "Grâce aux activités d'Alstom que nous envisageons d'acquérir, notre objectif est de donner naissance à un leader mondial de l'énergie en France, notamment en y implantant quatre sièges mondiaux, en renforçant nos investissements dans les domaines créateurs d'emploi que sont la production et l'ingénierie de pointe", écrit le PDG du groupe américain, Jeffrey Immelt, au lendemain de sa rencontre avec François Hollande.
"GE et Alstom sont complémentaires à de nombreux égards, en particulier sur les plans technologique et géographique, et nos activités respectives présentent très peu de recoupements", a expliqué le PDG de la sixième capitalisation bourisère mondiale dans une lettre de quatre pages, disant avoir entendu les préoccupations de Paris en termes d'emploi, de localisation de l'activité et de stratégie énergétique.
"Nous nous engageons à faire croître le nombre de nos emplois en France, particulièrement les emplois hautement qualifiés dans l'ingénierie et de la production localisés en région", a assuré Jeffrey Immelt.
Câliner la souveraineté française. Par ailleurs, GE a assuré de sa "volonté de tenir compte du caractère souverain de l'industrie nucléaire" française. "Nous sommes résolus à collaborer avec l'Etat, Areva et EDF afin de protéger ce secteur et de préserver ses exportations".
Concernant Alstom Transport, la branche emblématique d'Alstom qui construit les TGV deviendrait "une entreprise autonome", indique GE, répondant à une autre préoccupation du gouvernement: "Je vous confirme que nous avons décidé d'étudier avec Alstom la possibilité de créer une joint-venture avec l'activité mondiale de signalisation de GE".
Rassurer François Hollande. Le président français était monté en première ligne lundi pour piloter depuis l'Elysée les discussions avec les prétendants au rachat des activités énergétiques d'Alstom, qui représentent près des trois quarts du chiffre d'affaires du groupe.
Il avait revendiqué haut et fort l'intervention de l'Etat, joignant le geste à la parole en recevant tour à tour les protagonistes du dossier à l'Elysée, leur demandant notamment des garanties sur l'emploi.
Il entend faire du site de Belfort, où GE est déjà présent, "le siège européen de l'activité Energie thermique de GE", et implanter dans l'Hexagone les sièges mondiaux des activités réseaux, hydro, éolien offshore et turbines vapeur du groupe américain.
Les prémices du mariage ? La révélation de l’existence de cette lettre intervient alors que le Figaro semble savoir que Alstom aurait accepté l’offre du géant américain. Selon le quotidien, le conseil d’administration de l’entreprise aurait en effet accepté l’offre d’une peu plus de dix milliards d’euros de General Electric. Une période d’un mois s’ouvre néanmoins maintenant pour finaliser l’accord d’achat potentiel, période pendant laquelle Alstom peut toujours recevoir de nouvelles offres.
Pour concurrencer l’offre venant d’outre-Atlantique, l’entreprise allemande Siemens avait également annoncé une proposition de rachat dimanche, offre confirmée officiellement mardi.
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