L’INFO. Les négociations durent depuis plusieurs mois et on en sait enfin un peu plus concernant la condamnation que risque la BNP-Paribas dans son conflit avec les autorités américaines. Ces dernières reprochent à la banque française d’avoir effectué des transactions financières en dollars avec des pays sous embargo américain comme l’Iran ou le Soudan entre 2002 et 2009. Selon le Wall Street Journal, la banque française devrait écoper d’une amende qui se situerait aux alentours de 6,6 milliards d’euros. Elle devrait également être condamnée à une interdiction temporaire, probablement de quelques mois, de travailler avec des dollars.
Une amende presque record. Entre 8 et 9 milliards de dollars, soit 6,6 milliards d’euros : la somme que réclameraient les Etats-Unis à la BNP constitue donc l’une des plus grosses amendes infligées à une banque dans l’histoire. Si l’information se confirme, elle viendrait directement en seconde position sur le podium des condamnations les plus lourdes, juste derrière celle de 13 milliards de dollars dont JP Morgan a écopé en 2013 pour son rôle dans la crise des subprimes.
Heureusement, la BNP avait prévu le coup et a commencé à mettre de côté alors qu’elle négociait avec les autorités américaines. Elle a déjà économisé 1,1 milliards d’euros en ce début d’année, au cas où. Mais sachant que le bénéfice de la banque a été de 1,7 milliards d’euros au premier trimestre 2014, l’amende infligée par les Etats-Unis engloutirait mathématiquement l’équivalent des bénéfices réalisés en un an.
Même si la condamnation fera mal, le groupe n’est donc pas en danger. Quand bien même elle n’aurait pas les moyens d’économiser, ses près de 80 milliards d’euros de fonds propres lui auraient sûrement permis de passer le cap.
Une interdiction qui gène. L’interdiction pendant plusieurs mois d’exercer aux Etats-Unis et donc d’utiliser des dollars risque d’être pour le coup plus compliquée à gérer à moyen terme. Cela mettrait un coup d’arrêt temporaire à sa politique s’expansion en Amérique du Nord. En 2013, la BNP a réalisé 10% de ses revenus dans la région et espérait augmenter cette part à 12% d’ici 2016. Ces plans risquent d’être sérieusement contrecarrés.
Plus grave encore, ce bannissement des Etats-Unis risque de lui faire perdre des clients institutionnels. Si la BNP ne peut plus travailler outre-Atlantique, ses principaux portefeuilles iront tout simplement voir la concurrence. La crainte a d’ailleurs déjà fait effet puisque certains gros clients, notamment chinois, ont déjà commencé à geler les opérations internationales en dollars qui devaient être pilotées par la banque.
Un exemple qui fait craindre le pire. L’autre danger qui guette désormais, non plus la BNP mais le monde bancaire européen, c’est la généralisation des amendes. La banque française n’est pas la seule à avoir travaillé avec des pays sous embargo américain pendant les années 2000 et si elle s’approche désormais de la condamnation, c’est parce que les autorités américaines ont voulu frapper la plus puissante en premier, histoire de donner un exemple.
Et si le dossier de la BNP se referme, cela veut dire une chose : c’est au tour des autres, l’Allemande Deutsche Bank, l’Italienne Unicrédit et les Françaises Société Générale et Crédit Agricole. Le problème, c’est que ces dernières risquent d’avoir beaucoup plus de difficulté à survivre à des condamnations similaires. C’est la raison pour laquelle plusieurs politiques français ont signalé le risque de destabilisation de la zone euro devant les autorités américaines pendant les négociations.
Les particuliers n’ont pas à s’inquiéter. Cet épisode de l’histoire bancaire devrait cela dit n’avoir aucun effet sur la vie des particuliers qui disposent d’un compte chez la BNP Paribas. Aux Etats-Unis, la banque française est une banque d’affaires : elle n’a que des clients institutionnels. Ils ne devraient donc pas avoir de difficulté à gérer le problème.
De plus, l’interdiction d’utiliser des dollars dont devrait écoper la banque ne concerne en fait que ce qu’on appelle les transactions de compensation. Ces dernières sont des mouvements de capitaux particuliers qui servent à rembourser l’achat d’actifs à la Bourse. Rien à voir donc, avec les dollars qu’un particulier pourrait réclamer à son guichet avant un voyage outre-Atlantique.
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