Elle avait été jusqu’ici épargnée. American Airlines, troisième compagnie aérienne américaine, a annoncé mardi avoir déposé son bilan. Pour les clients, cela ne devrait rien changer : la compagnie a assuré qu’elle poursuivrait ses services normalement, même si elle va subir une restructuration sous contrôle judiciaire. Elle dispose en effet encore d'une trésorerie de 4,1 milliards de dollars, qui lui permettra de fonctionner.
Mais au sein d'American Airlines et de sa maison-mère, AMR, un vaste plan de réorganisation va être mené. Première victime : le PDG des deux entités, Gerard Arpey, qui a démissionné et est remplacé par le directeur financier de la compagnie, Thomas Horton. Ce dernier, qui sera chargé de piloter le redressement de la compagnie, a aussitôt annoncé la couleur : "nous devons nous attaquer à notre structure de coûts, y compris nos coûts salariaux".
Négociations avec les pilotes
En se plaçant sous le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, American Airlines va pouvoir négocier plus durement avec ses employés, et notamment avec ses pilotes. Ces dernières semaines, des négociations avec les syndicats de pilotes, visant à abaisser les salaires, ont échoué.
Le bras de fer s'annonce tendu : les pilotes seraient prêts à faire valoir leurs droits pour verrouiller le financement de leurs retraites par le groupe, qui est le seul à le faire aux Etats-Unis. Et ils considèrent avoir fait suffisamment de sacrifices financiers, notamment en 2003 lors d'une précédente crise.
Elle a longtemps été la première
D'après le Wall Street Journal, le groupe n'aurait pas l'intention d'annuler la commande de 460 moyens courriers annoncée en juillet, qui porte sur 260 Airbus A320 et 200 Boeing 737. American Airlines s'est contenté d'affirmer que ses fournisseurs seront payés "entièrement et à l'heure dite".
Ce dépôt de bilan est un nouveau signe de la déchéance de cette compagnie qui fut longtemps la plus grosse compagnie aérienne américaine, note le New York Times. Elle n'a cessé de perdre du terrain face à l'apparition des compagnies low-cost et à la restructuration de la quasi-totalité de ses concurrents. Lundi soir, l'action AMR ne valait plus que 1,62 dollars, ce qui correspond à une valorisation du groupe à seulement 540 millions de dollars. Soit à peine plus que le prix de deux Boeing 777.