Le jeudi 10 juillet ne sera pas un jour comme les autres pour Arnaud Montebourg. Selon les informations d'Europe 1, le ministre de l’Economie a en effet décidé de marquer les esprits avec un grand "discours de politique générale économique". Un évènement soigneusement préparé qui doit lui permettre d’incarner l’aile gauche de la majorité socialiste, de plus en plus tentée par la rébellion.
Un discours en forme de meeting. Pour cette intervention qui doit marquer sa différence sur le plan économique, Arnaud Montebourg n’a pas fait les choses à moitié : il a prévu de s’exprimer devant près de 600 personnes, dont des chefs d'entreprise et des responsables syndicaux. Autre détail qui a son importance : le ministre ne s’exprimera pas à Bercy, mais dans un lieu neutre, probablement la Cité des sciences et de l'industrie de la Villette, dans le nord-est de Paris.
Un objectif : vanter les mérites d’une relance... Sur le fond, Arnaud Montebourg va répéter son hostilité aux politiques de rigueur, qu’il estime contre-productives. Mais il va aller plus loin en demandant purement et simplement une réorientation de la politique actuelle.
Chômage qui reste désespérément élevé, croissance en panne : aux yeux du ministre, ne viser que la compétitivité des entreprises ne suffira pas à relancer la croissance. Il va donc proposer que le gouvernement fasse des gestes en faveur du pouvoir d’achat, ce qui revient à préparer plan de relance. Et pour ne pas prendre l’Elysée par surprise, Arnaud Montebourg a déjà adressé plusieurs notes en ce sens à François Hollande.
… et incarner la gauche frondeuse. La date de son discours n'a pas été choisie au hasard : elle intervient au lendemain du débat à l'Assemblée sur l'orientation budgétaire, et quatre jours avant le discours présidentiel du 14 juillet. La démarche du ministre est donc aussi politique : marquer son territoire, à gauche, en se faisant en quelque sorte le porte-parole des frondeurs du PS.
Depuis quelques semaines, Arnaud Montebourg joue d'ailleurs les intermédiaires pour que ces derniers n'aillent pas trop loin dans la contestation. Par son "discours de politique générale économique", le ministre deviendrait ainsi leur porte-voix, le pendant de Manuel Valls au moment où ce dernier tente de séduire les entreprises. Dans ce contexte, hors de question pour Arnaud Montebourg de quitter le gouvernement, l’objectif est bien de peser au maximum sur les choix économiques du gouvernement.
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