Les politiques du marché du travail sont "inadaptées" et doivent évoluer, estime mardi la Cour des Comptes en recommandant de "mieux cibler" les efforts sur ceux qui subissent davantage la crise et de réviser en profondeur l'assurance-chômage.
"La France a abordé la crise avec des instruments de politique de l'emploi parfois obsolètes" et malgré des réformes, le dispositif "reste largement inadapté à un contexte de chômage durablement élevé", souligne-t-elle dans un rapport sur les "politiques du marché du travail".
Les faiblesses sont relevées avec sévérité: effort "particulièrement insuffisant" pour former les chômeurs, "résultats médiocres" des contrats aidés (emplois temporaires subventionnés), chômage partiel sous-utilisé, etc.
Alors que la réforme du marché du travail sera présentée en Conseil des ministres en mars, à la suite de l'accord du 11 janvier entre le patronat et trois syndicats, l'institution émet 25 recommandations pour réorienter ces politiques (50 milliards d'euros en 2010) vers "les salariés les plus fragiles, peu formés ou en emploi précaire".
En ce qui concerne l'assurance chômage, son financement apparaît "difficilement soutenable", selon la Cour, avec un déficit prévu de 18,6 milliards en fin d'année.
Plus "protecteur" et généreux qu'ailleurs en Europe, ce régime que les partenaires sociaux doivent renégocier en 2013 "a bien joué son rôle de maintien du revenu" mais "voit désormais son efficacité se dégrader, son équité se fragiliser".
Une nouvelle fois la Cour épingle l'indemnisation des intermittents (1 milliard de déficit "au profit de 3% seulement des demandeurs d'emploi"). Elle propose d'abaisser les indemnités des plus hauts niveaux et de "réexaminer les règles de l'indemnisation en activité réduite", en pointant le "risque" que l'assurance-chômage finance "un revenu de complément durable à des salariés en activité précaire".