La planète financière n’est pas à l’abri d’une nouvelle crise. C’est le pourtant réservé Fonds monétaire international qui le dit. Dans son rapport sur la stabilité financière mondiale publié mercredi, l’institution internationale s’inquiète de l’état de santé des établissements d’assurance-vie. Et ce n’est pas le seul danger.
Des craintes pour le secteur de l’assurance-vie. "La persistance de faibles taux d'intérêt mettra à rude épreuve un grand nombre d'établissements financiers", prévient le FMI, en s’inquiétant plus particulièrement pour les sociétés d’assurance-vie. En effet, depuis la crise de la dette qui a frappé l’Europe, ces dernières évitent d’acheter des obligations aux pays les plus risqués – pourtant plus rémunératrices - et se ruent sur celles émises par des pays plus sûrs, comme l’Allemagne ou la France. Résultat, les taux d’intérêt de ces prêts ont chuté à des niveaux historiquement bas – voire négatifs selon l’inflation - et ces entreprises gagnent de moins en moins d’argent. Sauf qu’à la fin de la chaine, elles vendent des contrats d’assurance aux particuliers avec des taux de rémunérations plus élevés, surtout lorsqu’ils ont été conclus il y a plusieurs années. D’un côté, elles promettent toujours les mêmes rendements et, de l’autre, elles gagnent de moins en moins d’argent. Une équation pour le moins risquée aux yeux du FMI, surtout si les taux d’intérêt des obligations restent longtemps à des niveaux aussi bas.
Et un risque de contagion. "Les tests de résistance réalisés par l'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles font apparaître que 24% des assureurs risquent de ne pas pouvoir tenir leurs exigences de solvabilité dans un scénario de persistance de faibles taux d'intérêt", poursuit le FMI, avant de souligner un autre motif d’inquiétude : "une interconnexion forte et croissante avec le système financier dans son ensemble, d'où un risque de contagion". D’autant plus qu’un nombre croissant de banques s’est lancé dans le secteur de l’assurance. Pour le FMI, la solution est simple : "les garanties de rendement minimum offertes aux assurés" doivent être revues à la baisse.
La finance de l’ombre grandit. Suite à la crise des subprimes, les Etats ont contraint les banques à changer les règles du jeu : elles doivent désormais prendre moins de risques et mettre plus d’argent de côté, au cas où. Sauf que d’autres acteurs financiers, bien moins surveillés et régulés, ont pris le relais, notamment les hedges funds. Et comme ils promettent des rendements plus élevés, les investisseurs affluent si bien que la faillite de l’un de ces établissements provoquerait des secousses bien plus importantes qu’auparavant. Et avec la généralisation du trading à haute fréquence, qui consiste à remplacer les hommes par des algorithmes pour gagner du temps sur les opérations les plus simples, une contagion à l’ensemble du système financier serait encore plus rapide.
Sans oublier le dossier grec et la crise ukrainienne. Parce que l’économie, c’est aussi de la géopolitique, le FMI pointe enfin deux risques liés à la Grèce et l’Ukraine. En ce qui concerne Athènes, le risque est connu : qu’Athènes n’arrive pas à tomber d’accord avec le reste de la zone euro et se retrouve en défaut de paiement. Une hypothèse qui provoquerait d’important remous dans l’Union européenne et qui pourrait relancer les attaques spéculatives sur la dette de ses Etats membres. Pour ce qui est du conflit ukrainien, il a provoqué l’instauration d’un embargo entre la Russie et l’UE et a sérieusement handicapé l’activité en Russie et en Ukraine : le FMI en conclut que le PIB russe devrait reculer de 3,8%.
Des doutes sur la bonne santé des Bourses. On peut compléter le sombre tableau dépeint par le FMI en ajoutant que la bonne santé des marchés boursiers n’est pas forcément rassurante : le fait que les principales puissances économiques aient fait tourner la planche à billet n’y est pas pour rien, une bonne partie de cet argent étant investi en Bourse. Résultat, les principaux indices boursiers ne sont pas loin de retrouver des niveaux d’avant crise dans une période où l’économie redémarre encore lentement dans les pays développés, ce qui fait craindre un décrochage entre les marchés boursiers et l’économie réelle. Une inquiétude qu’on retrouve également dans le secteur des nouvelles technologies, où certains entreprises n’ayant pas encore été rentables sont valorisés plusieurs millions de dollars. Bref, l’éclatement d’une nouvelle bulle boursière n’est pas à exclure.
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