Renault va-t-il aussi mal que PSA ? Clairement pas, mais tout n'est pas rose non plus pour la marque au losange. Renault a souffert de la faiblesse des marchés automobiles européens au premier semestre, avec des résultats et un chiffre d'affaires en baisse. Mais le deuxième constructeur français est parvenu à se maintenir dans le vert, au contraire de son concurrent sous le feu des projecteurs depuis deux semaines. Diagnostic.
Bénéfice en baisse mais bénéfice quand même. Le bénéfice net du groupe de la marque au losange accuse une baisse de 39% à 746 millions d'euros, selon les chiffres publiés vendredi. Bénéfice en baisse, mais bénéfice quand même. Ces résultats tranchent en tout cas avec ceux du numéro un français, PSA Peugeot Citroën. Ce dernier, plus dépendant du marché européen, a quant à lui essuyé une perte nette semestrielle de 819 millions d'euros. Ces chiffres, contestés par les syndicats et soumis à une expertise indépendante, ont été mis en avant par la marque au lion pour justifier un plan de 8.000 suppressions de postes en France.
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Renault explique avoir bénéficié de la contribution de ses partenaires (Nissan, AB Volvo et Avtovaz) à hauteur de 630 millions. Son résultat d'exploitation a reculé de 33% à 519 millions d'euros et la marge opérationnelle de 23% à 482 millions. Cette marge est malgré tout restée dans le vert malgré la baisse des volumes et les coûts plus élevés des équipements des véhicules, grâce à une réduction des frais généraux et des mesures d'économies.
Le chiffre d'affaires de la marque au losange est quasi stable (-0,8%) à 20,9 milliards d'euros. "La poursuite de la croissance à l'international n'a pas compensé la faiblesse du marché européen", souligne le constructeur français, avec une contribution moindre de sa division auto, son cœur de métier.
Une hausse des ventes non sans inquiétudes pour l'avenir. La part de marché de Renault a baissé en Europe et "le carnet de commandes du groupe est assez bas", s'inquiète le numéro deux du groupe Carlos Tavares lors d'une conférence d'analystes. Le groupe a précisé qu'il table toujours sur une hausse de ses ventes en 2012 "sous réserve que le marché européen ne se dégrade pas plus que prévu actuellement".
Renault avait revu, mi-juillet, à la baisse ses prévisions pour les marchés français et européen. Selon lui, le premier devrait fléchir de 10 à 11% et le deuxième de 6 à 7% cette année.
Le groupe surveille aussi de près la situation de ses sous-traitants, surtout en France où certains "sont dans une situation financière très difficile", et le ralentissement dans certains marchés émergents, comme en Amérique latine. Renault réalise actuellement 47% de ses ventes hors du continent et "en 2015, plus de 50% des ventes seront réalisées hors d'Europe", a rappelé le directeur général délégué.
Le constructeur confirme aussi être bien parti pour atteindre son objectif d'un flux de trésorerie (free cash flow) opérationnel positif pour sa division auto, en dépit d'une "une hausse des risques en Europe". Au premier semestre, il était pourtant dans le rouge (-200 millions d'euros), selon le rapport d'activité. La dette nette de la division auto s'est creusée à 818 millions à fin juin, contre 299 fin 2011.
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Les nouveaux modèles attendus au tournant. La marque au losange attend beaucoup du lancement de nouveaux modèles, a expliqué Carlos Tavares. Les nouvelles versions des Sandero et Logan de sa marque à bas coûts Dacia arriveront sur le marché cette année, tout comme la quatrième génération de Clio. La citadine électrique Zoé sera lancée après la Clio IV et "les premières livraisons seront faites en 2012, comme annoncé", a poursuivi Carlos Tavares. Renault avait annoncé cette semaine un report de l'automne 2012 à 2013 avant de revenir en arrière.
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L'action Renault décolle. Les marchés semblent avoir décidé de saluer les chiffres annoncés vendredi, puisque le titre, en hausse, a pris jusqu'à 4% à 10h39. "Vu le contexte européen extrêmement difficile, le fait pour Renault de parvenir à dégager le moindre bénéfice est une excellente nouvelle qui rassure les opérateurs sur la santé du groupe", résume Florent Couvreur du CM-CIC Securities.