Des profits jugés excessifs, des tarifs qui ne cessent de grimper et irritent les automobilistes : les sociétés d’autoroute sont dans le viseur du gouvernement, qui souhaite une "remise à plat totale" de leurs concessions. Sauf que Vinci Autoroute, Eiffage ou encore Sanef ont pris soin de se protéger grâce à des contrats très précis qui limitent les marges de manœuvre de l’Etat. Mais le gouvernement pense avoir trouvé la parade en vérifiant que les sociétés d’autoroute ont bien tenu leurs promesses en matière de travaux et d’entretien du réseau.
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La menace d’une opération transparence sur les travaux. L'Elysée devrait convoquer d'ici à mercredi tous les acteurs du dossier pour tenter de trouver une solution pour limiter la hausse des tarifs. Et le nouvel angle d’attaque est le suivant, selon une source proche du dossier : vérifier tous les prix des travaux effectués par les gestionnaires des autoroutes sur le réseau depuis la privatisation.
En clair, le gouvernement envisage de vérifier la réalité des travaux, de voir s’ils étaient prévus dans les contrats et quel était leur coût réel. Qu’il s’agisse de l’entretien du réseau ou de la construction de nouveaux tronçons, l’objectif est le même : observer si les autoroutiers ont bien respecté leurs engagements contractuels. Si ce n’est pas le cas, le gouvernement pourrait mettre les sociétés d’autoroute au pied du mur, d'autant que la construction de nouvelles routes leur permet de justifier des hausses tarifaires.
Mais qui mettrait du temps avant de porter ses fruits. Cet audit comptable constituerait un vrai moyen de pression et c’est pour le mener que le gouvernement souhaite créer une nouvelle autorité de régulation. Sauf que cela nécessite du temps et que la vérification de toutes les dépenses réalisées par les sociétés d’autoroutes est un travail titanesque qui se compte en mois, voire en années.
Or, dans ce dossier, le gouvernement manque justement de temps : il doit trouver un accord sur les tarifs dans les semaines à venir. Du côté des gestionnaires d’autoroute, on veut bien discuter mais en échange d’un allongement des concessions. Preuve que ce secteur est bien rentable, même si le président de Vinci Autoroutes, Pierre Coppey, assurait lundi sur Europe 1 qu'il n'y a "pas de magot des sociétés d'autoroutes". Un avis que ne partage visiblement pas Ségolène Royal : la ministre de l'Ecologie a déclaré, mardi sur BFMTV, qu'elle attendait des sociétés gestionnaires un gel des tarifs et des investissements à hauteur de 1 milliard d'euros.
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