Autoroutes : vers une réforme a minima

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avec Emmanuel Duteil , modifié à
L’idée d’une renationalisation s’éloigne de plus en plus, les contrats ne laissant que très peu de marges de manœuvre au gouvernement.

Le dossier des autoroutes est en train de se refermer et devrait aboutir à des changements bien plus minimes qu’annoncé. Exit l’idée d’une renationalisation, un temps évoquée par les parlementaires, le gouvernement privilégie finalement une batterie de réformes bien plus limitées. Ce dernier devrait officialiser ses intentions autour du 10 mars.

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Le grand changement n’aura pas lieu. Une partie de la majorité militait pour une renationalisation des autoroutes mais ce scenario est quasi enterré, malgré les déclarations de certains ministres dont Ségolène Royal. Le calcul du gouvernement est simple : reprendre en main les autoroutes coûterait environ 40 milliards d'euros à l'Etat, une piste pour le moins risquée au moment où le gouvernement cherche à faire des économies. L’Elysée et Matignon n’ont d’ailleurs jamais sérieusement envisagé ce scenario.

Mais une batterie d’ajustement est en préparation. Pour sortir par le haut de ce dossier très médiatique, le gouvernement planche néanmoins sur une évolution des contrats de concession. Même si tous les arbitrages ne sont pas encore rendus, plusieurs changements sont a priori déjà actés :

- Les tarifs des péages, qui ont été gelés le temps de la discussion, vont bien augmenter dans les mois à venir mais la hausse des tarifs sera moins importante que ce qui était prévu. Selon les informations d’Europe 1, la hausse sera limitée à une fourchette entre 0,2% et 0,3%, contre un peu plus de 1% à l'origine. Mais les sociétés d’autoroute ne renoncent pas pour autant à ces hausses : elles seront lissées dans le temps. Ce que les automobilistes n’ont pas payé en 2014 et 2015, ils le paieront au cours des prochaines années.

- Les profits des sociétés d'autoroutes vont être encadrés : s'ils sont trop importants, ils seront taxés par l'Etat. Et s’ils sont inférieurs aux prévisions, c’est l’Etat qui compensera. Un système déjà utilisé pour le viaduc de Millau.

- Une plus grande transparence. Il va y avoir également une meilleure régulation des sociétés d’autoroutes et plus de transparence sur les prix réels des travaux. Car les sociétés d’autoroute sont majoritairement des filiales d'entreprises du BTP. Elles sont donc soupçonnées, côté autoroute, de gonfler artificiellement le coût de ces travaux pour réduire leurs profits, sachant qu'elle récupèrent cet argent par ailleurs, par le biais de leur branche BTP.

- Des tarifs préférentiels pour les voitures "propres". Cette tarification écologique a déjà été évoquée fin 2014 : le gouvernement souhaite instaurer des tarifs différents selon le type de véhicule, afin que les modèles électriques, hybrides, ainsi que les clients optant pour le covoiturage bénéficient de tarifs plus bas que les automobilistes lambda.

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Mettre vite fin au débat, une nécessité. Le gouvernement souhaite d’autant plus tourner rapidement la page que cela lui permettra d’ouvrir un autre dossier, enlisé depuis des mois : débloquer le gigantesque plan de travaux prévu pour les autoroutes. Ce plan prévoit plus de 3 milliards d'euros de travaux payés par les sociétés d'autoroutes en échange d'un allongement de la durée de concession.  Une bouffée d'air gigantesque pour le secteur des travaux publics, dans lequel des milliers d'emplois sont menacés.