La déclaration. La Banque publique d'investissement (BPI) "a étudié le dossier" de l'usine ArcelorMittal de Florange, dont l'arrêt définitif des hauts-fourneaux a été entériné cette semaine, mais a rendu un "arbitrage business" selon lequel la France "aurait perdu beaucoup d'argent et ce n'aurait pas été un bon business", a estimé Nicolas Dufourcq, directeur général de la BPI mercredi. Même verdict pour la raffinerie Petroplus. "Notre agenda, c'est la France de 2030. Petroplus, est-ce la France 2030?", s'est-il interrogé.
Le recadrage. Vice-présidente de la BPI, Ségolène Royal a réagi avec virulence à ces propos. "Les déclarations du directeur général de la BPI sont un grave dérapage, déjà condamné par le ministre du Redressement productif, qui n'ont aucune raison d'être et qui ne se reproduiront pas", a-t-elle lancé vendredi. L'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé que la BPI aurait aidé le site si un repreneur avait été retenu par le tribunal de commerce.
Des divergences profondes ? C'est une vraie divergence de point de vue entre la vice-présidente et le directeur de la banque qui n'est pas nouvelle. En octobre, lorsque la BPI est créée pour financer les PME et en particulier les entreprises innovantes qui peinent à trouver des crédits, Bercy tient à préciser qu'elle servirait à promouvoir des filières d'avenir et non à sauver des entreprises en danger. "Ce n'est pas un outil défensif, c'est un outil offensif", déclare alors Pierre Moscovici.
Un premier couac intervient quelques jours plus tard, quand Jean-Pierre Jouyet, président de la BPI, n'hésite pas à qualifier sur Europe 1 l'usine de Florange de "canard boîteux". A la question "la BPI sauvera-t-elle Florange?" ou même Sanofi et Alcatel, Jean-Pierre Jouyet répond: "la BPI aura vocation a maintenir l'activité, pas à aider les canards boiteux. Des propos qui avaient poussé le chef de l'Etat à intervenir : "Florange n'est pas un canard boiteux. Florange fait partie d'ArcelorMittal, ArcelorMittal n'est pas un canard boiteux à ma connaissance", avait réagi François Hollande. "Ce que le président de la BPI a dit, c'est que c'est une stratégie offensive que doit engager la BPI". Le leader CFDT des métallos de Florange Edouard Martin avait, de son côté, livré sa propre analyse : "Je ne pense pas que ce soit un simple couac. J'ai bien peur que ce soit un état d'esprit beaucoup plus profond où ces personnalités qui vont décider de notre avenir, peut-être estiment-elles que l'industrie, notamment sidérurgique, est une industrie du passé."