La déclaration. L'étendue de la baisse des allocations familiales se précise. Quelque 15% des Français, les plus aisés, seront concernés, selon Jean-Marc Ayrault. "Ce sera les plus hauts revenus, autour de 15% des gens concernés", a en effet déclaré le Premier ministre, mercredi sur France Inter, tout en assurant que le seuil de revenus à partir duquel les allocations seraient réduites n'avait pas été tranché. L'objectif de cette réforme est de faire des économies pour ramener à l'équilibre la branche famille de la sécurité sociale, dont le besoin de financement est évalué à 2,2 milliards d'euros à l'horizon 2016.
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Comment ça va marcher? "On gardera l'universalité des allocations familiales, c'est-à-dire que toutes les personnes auront des allocations familiales", a rappelé le chef du gouvernement. "Mais à partir d'un certain niveau de revenus, ça sera progressif", a précisé le chef du gouvernement, au sujet de la baisse. Une manière de corriger les dérives du système actuel, dans lequel les aides peuvent être plus avantageuses pour les foyers les plus riches, notamment en ce qui concerne le complément de mode de garde. "Cette affaire n'est pas tranchée puisque je dois dans les prochaines semaines me rendre devant le Haut Conseil (de la famille, NDLR), où tous les partenaires autour de la table pourront en débattre avec moi", a-t-il poursuivi.
Un seuil à 50.000 euros par an ? Ces dernières semaines, des députés socialistes ont proposé une réduction de moitié des allocations pour un foyer avec deux enfants dont les revenus annuels dépasseraient 53.000 euros, et un peu plus de 61.000 euros pour les familles de trois enfants. Selon les parlementaires Gérard Bapt et Pascal Terrasse, cette mesure aurait alors concerné 11% des familles. Si Jean-Marc Ayrault avance le chiffre de 15%, c'est que le gouvernement entend probablement établir un seuil encore plus bas que 53.000 euros.
Le contexte. Le président François Hollande avait déjà annoncé, le 28 mars sur France 2, que "les plus hauts revenus" n'auraient plus "les mêmes allocations". Le "rapport Fragonard", commandé par le gouvernement et rendu public la semaine dernière, propose également que toutes les familles conservent le droit à ces allocations mais que "leur montant diminuerait avec le revenu". Ce rapport fait toutefois polémique, et tout les membres du Haut Conseil de la famille, dont est issu Bertrand Fragonard, n'assument pas ses conclusions. À l'instar de l'opposition, beaucoup craignent qu'une diminution des allocations freine la démographie et ampute un peu plus le pouvoir d'achat des Français, et donc la consommation.
Actuellement, les allocations familiales sont versées à tous les foyers, sans condition de ressources, à partir du deuxième enfant, un principe auquel la droite et les associations familiales sont particulièrement attachées.