Le chiffre. Triste jour pour l'économie française. L'Insee a annoncé mercredi que la France venait d'entrer en récession, notamment à cause d'une faible consommation des Français. Or, cela risque de ne pas s'améliorer tout de suite, si la tendance de l'année dernière persiste. Selon l'institut national de statistiques, le pouvoir d'achat des ménages français a en effet enregistré une baisse de 0,9% en 2012, alors qu'il avait augmenté de 0,7%, 2011. Un record.
Un ressenti encore plus important. Cette baisse historique de 0,9% mesurée sur "l'ensemble des ménages" s'accompagne d'une autre baisse record, bien plus parlante pour les Français : celle du pouvoir d'achat individuel, c'est-à-dire par unités de consommation. Ce chiffre représente mieux le ressenti réel des Français : un couple qui mutualise les dépenses a en effet plus de pouvoir d'achat que deux célibataires. Et il affiche une baisse de 1,5% en 2012, alors qu’il était stable en 2011. Il s’agit ainsi de la plus forte baisse depuis 1984 ( - 1,9 %).
Comment expliquer cette baisse ? "Le ralentissement du revenu disponible brut, de 1,8 point, est imputable aux revenus du patrimoine (- 0,8 point) et aux revenus d’activité (- 0,7 point). Les impôts courants sur le revenu et le patrimoine y participent également" et font baisser les statistiques de 0,5 point, explique l'Insee. "Seules les prestations sociales constituent un facteur d’accélération du revenu (+ 0,4 point)", poursuit l'institut.
>> Et pour certains observateurs, la baisse est encore plus forte que celle relatée par l'Insee. Pour plus de détail, lire notre article : "faut-il revoir le mode de calcul" ?
Les inégalités en hausse. À en croire une autre étude publiée mercredi, dont les estimations s'arrêtent toutefois en 2010, les plus défavorisés sont par ailleurs les plus impactés par une baisse du pouvoir d'achat en temps de crise. Selon l'OCDE en effet, l'écart de revenus entre les 10% de Français les plus riches et les 10% les plus pauvres s'est encore creusé. Les plus riches gagnaient en 2010 7,2 fois plus que les plus défavorisés, contre 6,6 fois plus en 2005. Le coefficient GINI, qui mesure le niveau des inégalités (0 pour une égalité absolue, 1 si une seule personne dispose de tous les revenus du pays) est passé de à 0,292 à 0,303. La France n'arrive qu'en 16e position des pays de l'OCDE les plus égalitaires, devancée par l'Allemagne et les pays scandinaves.
"Ce constat préoccupant souligne la nécessité impérieuse de protéger les citoyens les plus vulnérables, de surcroît dans une période où les gouvernements poursuivent les efforts requis pour contenir les dépenses publiques", a réagi le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, dans un communiqué.