Vendredi, le gouvernement révèle ses mesures pour favoriser le logement. À ce sujet, Laurent Vimont, le directeur de Century a avancé sur Europe 1 que « un logement construit, c’est 2,5 emplois ». « Aujourd’hui, ils ne sont pas au rendez-vous », a-t-il ajouté, « toutes les fédérations du bâtiment alertent le gouvernement sur les difficultés des artisans dans le bâtiment à cause de la crise du logement ».
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C’est faux. Selon la Fédération française du bâtiment (FFB), ce n’est pas 2,5 emplois mais 1,6 emploi qui sont créés par construction de logement. Elle prend en compte pour arriver à ce résultat des emplois directs et des emplois indirects générés par la construction.
Les emplois directs et indirects ? Les emplois directs, concernés par la construction, sont ceux intervenant sur la construction. La relation dans ce cas est directe entre le salarié et l’employeur. Vous l’aurez compris, il s’agit par exemple des ouvriers travaillant sur le chantier.
Les emplois indirects, eux, sont ceux engendrés par la construction, situés sur toute la chaîne de production mais n’intervenant pas directement sur le chantier. C’est l’ouvrier d’industrie qui fabrique la robinetterie, l’architecte qui a conçu le bâtiment, l’ingénieur qui a étudié les fondations, l’agent immobilier qui fait visiter aux futurs locataires.
Des modes de calcul différents. S’il y a une différence entre le chiffre du patron de Century et celui de la FFB, c’est que leurs modes de calculs ne sont pas les mêmes. Ce n’est pas le nombre d’emplois directs qui est ici concerné mais celui des emplois indirects qui diffèrent selon ceux qui sont retenus ou non.
La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) par exemple retient 2 emplois créés par logement construit. Dans son calcul, elle a décidé de retenir les banquiers qui financent les logements.
L’intérêt à gonfler les chiffres est évident Plus il est élevé, plus on donne du poids à son secteur et plus ses arguments ont du poids dans la discussion.
Le bâtiment, secteur économique clef. Quand le bâtiment va, tout va, a-t-on l’habitude de dire. Mais le bâtiment fait grise mine actuellement. Alors que François Hollande s’était fixé un objectif de 500.000 logements construits par an durant son quinquennat, seulement 305.000 ont été construits durant la dernière année. Et entre mai et juillet 2014, les chiffres de mise en chantier ont particulièrement baissé. La FFB table par conséquent sur 20.000 suppressions d’emplois dans le secteur du bâtiment en 2014.
Selon l’Insee, la mauvaise santé actuelle du bâtiment coûterait à la France 0,4% de PIB.
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