C'est la faute de la neige et de la crise. La première a bloqué l'accès aux magasins et la seconde a laissé les porte-monnaie vides. Malgré les rabais et un large choix, le cru 2010 des soldes d'hiver a été "moyen-moyen", résume Jean-Marc Genis, président de la Fédération des enseignes de l'habillement (FEH), dont les adhérents totalisent 40% du marché.
Dans le sillage d'une année 2009 noire pour le textile (-4% de ventes environ en valeur), les ventes des soldes d'hiver, qui s'achèvent mardi, devraient avoir reculé entre -2% et -5%, selon Pascale Hebel, directrice du département consommation au Crédoc. Dans les centres commerciaux, les ventes ont diminué de 3% par rapport à l'hiver dernier, affirme Jean-Marie Silberstein, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC). Le chiffre d'affaires devrait avoir baissé de 2 ou 2,5%, ajoute-t-il.
Des clients moins nombreux
D'après une enquête de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, plus de la moitié des commerçants parisiens sont déçus par les soldes d'hiver. Les stocks de vêtement et les rabais (-50% en moyenne) proposés étaient pourtant équivalents à ceux de l'année dernière, dont les niveaux étaient "anormalement élevés", selon le CNCC. Mais les clients ont été moins nombreux et ont peu dépensé, souligne Jean-Marc Genis.
Certains ont néanmoins réussi à tirer leur épingle du jeu. C'est le cas des grands magasins (Galeries Lafayette, Printemps, BHV, Bon Marché), qui représentent 6% du marché, dont "les chiffres du mois de janvier 2010 sont bons", affirme Claude Boulle de l'Union du grand commerce de centre ville (UCV). Les Galeries Lafayette font état d'une croissance de 5% de leurs ventes.
L'euphorie sur le net
Sur internet, c'est l'euphorie: +19% en plus de ventes cet hiver par rapport à 2009, selon la Fédération du commerce en ligne et de la vente à distance (Fevad), même si l'e-commerce ne représente que 4,5% du commerce de détail. Les soldes, qui durent cinq semaines, y avaient d'ailleurs démarré en fanfarre le 6 janvier.
La plupart des acteurs déplorent la multiplication des promotions, des ventes privées, des dépôts-ventes et la mise en place des "soldes flottants", c'est-à-dire les deux semaines de soldes supplémentaires que les commerçants ont le droit d'organiser, à des dates qu'ils choisissent. Ces opérations habituent les clients, selon eux, à acheter à petit prix toute l'année et dénaturent la période des soldes.