Bisbilles dans les vignes du Beaujolais

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VIN - Une partie des viticulteurs de cette zone ont décidé de faire bande à part pour mieux mettre en valeur leurs produits.

Ils se sont aimés, ont vécu ensemble mais souhaitent désormais faire chambre à part. Les viticulteurs du Beaujolais ont acté mardi la séparation en deux parties de ce vignoble connu jusqu’au Japon. Une séparation qui s’explique par les intérêts de plus en plus divergents parmi les producteurs : les viticulteurs des crus les plus renommés estiment être mal représentés et ne veulent pas être assimilés au Beaujolais et Beaujolais Villages. Car si le Beaujolais nouveau est connu dans le monde entier, il ne bénéficie pas pour autant de la meilleure des réputations chez les amateurs de vin.

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© PASCAL GUYOT/AFP

Le Beaujolais du Nord contre le Beaujolais du Sud. Réuni à Villefranche-sur-Saône, dans le département du Rhône, le conseil d'administration de l'Union des vignerons du Beaujolais (UVB), qui réunit les viticulteurs de toutes les appellations, a acté le départ de l'Organisme de défense et de gestion (ODG) "des crus du Beaujolais". En clair, la moitié Nord du vignoble de Beaujolais souhaite se séparer de la partie Sud.

Quels sont les crus sécessionnistes ? Il s’agit des appellations bénéficiant de la meilleure réputation dans la région : Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côte de Brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon, Moulin-à-Vent, Régnié et Saint-Amour. Des vins qui, bien souvent, ne revendiquent de toute façon pas l'appellation Beaujolais.

Les raisons d’un divorce. Le groupe "des crus du Beaujolais" estime que l'Union des vignerons du Beaujolais ne remplit plus son rôle. Et pour bien se faire comprendre, leur chef de file est allée jusqu’à parler "d’instances issues du passé, lourdes et souvent opaques, (qui) ne permettaient plus aux crus de mener à bien tous les importants dossiers en cours ou à venir".

La patronne de l’ODG des crus, Audrey Charton, souhaite donc "reprendre l'entière gestion administrative et financière de notre organisme". Et envisage même de créer une nouvelle Union des crus du Beaujolais (UCB) pour concurrencer l’UVB. Car les vignerons des "crus" estiment que leurs efforts pour monter en gamme sont annihilés par les producteurs de la partie sud, qui privilégient la quantité et produisent notamment le décrié Beaujolais nouveau.

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© PIERRE ADRIEU/AFP

"Un sentiment de gâchis". Ce point de vue n’est évidemment pas partagé par les producteurs de la partie sud. "Je ne comprends pas leur départ", a réagi le secrétaire général de l'UVB, Denis Chilliet, qui a fait part de sa "déception" et d'"un sentiment de gâchis".

"Depuis des années, nous avons fait en sorte que les crus puissent être la locomotive du Beaujolais. Il semble que la locomotive soit partie avec le charbon et a décroché les wagons", a regretté Denis Chilliet, qui met en garde contre les risques de désorganisation de la profession. En attendant que ce divorce soit effectif, probablement d’ici fin mars, l’UVB a déjà pris une sanction : il a annulé le Concours des grands vins du Beaujolais qui devait avoir lieu début janvier.

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