C'est un budget d'austérité qu'a présenté le gouvernement en Conseil des ministres mercredi matin. La réduction du déficit public reste un objectif "intangible" malgré les "turbulences" de la crise qui pèsent sur la croissance, martèlent les ministres.
Le déficit public dans les clous de Bruxelles. Le projet de loi de finances pour 2012 prévoit de réduire le déficit public à 4,5% du PIB, contre 5,7% en 2011. Il doit ensuite passer à 3% en 2013 - soit le plafond fixé par les traités européens. Le déficit devrait ensuite refluer à 2% en 2014 et même à 1% en 2015, promet le gouvernement.
La dette publique à un niveau record. En raison de son aide aux Etats fragiles de la zone euro, la dette publique de la France devrait battre le record de cette année. Attendue à 85,5% du PIB pour 2011, elle devrait culminer à 87,3% en 2012. La tendance devrait ensuite s'inverser dans les années suivantes, avec un taux de 87,3% en 2013, 86,2% en 2014 et 84,1% en 2015.
La charge de la dette, c'est-à-dire les intérêts que l'Etat verse à ses créanciers, sera de 48,8 milliards d'euros. Elle devient ainsi le premier poste du budget de l'Etat, devant l'enseignement scolaire.
Des prévisions de croissance (trop) optimistes. Le gouvernement a élaboré son projet sur une prévision de croissance de 1,75% pour cette année et l'an prochain. Mais pour beaucoup d'économistes, la réalité sera bien en-deçà. La croissance devrait notamment être plombée par un déficit commercial qui bat record sur record. Le gouvernement table sur 73,8 milliards d'euros l'an prochain, après les 73,1 milliards attendus cette année.
De nouvelles taxes... "Demander plus à ceux qui ont plus", voilà la philosophie du gouvernement. Plafond de la taxe sur les hauts revenus abaissé à 250.000 euros par part, coup de rabot sur les niches fiscales -dont une baisse des exonérations du dispositif Scellier-, nouvelles taxes sur les boissons sucrées, les chambres de bonne, les alcools forts... Le gouvernement a prévu un arsenal pour redresser les finances publiques. Il a notamment décidé de créer une taxe exceptionnelle sur les émissions de CO2 des gros industriels - ceux qui émettent plus de 60.000 tonnes de CO2 par an. Le taux devrait être compris entre 0,08% et 0,12% de leur chiffre d'affaires hors taxe. Cette mesure, prévue pour durer un an, devrait rapporter environ 200 millions d'euros à l'Etat.
...pour un niveau de prélèvements record. Ce parti pris aura pour conséquence de faire grimper le taux de prélèvements obligatoires à un niveau jamais atteint en 2015. Il dépassera dès cette année, à 43,7% du PIB, son niveau du début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, et continuera à croître, à 44,5% en 2012. Le chef de l'Etat avait pourtant promis avant son élection de réduire de quatre points de pourcentage le taux de prélèvements obligatoires, insistant sur le fait qu'il était, à 43,2% en 2007, plus élevé en France que chez ses partenaires européens.