Le gouvernement doit faire 3,9 milliards d'économie par an, s'il veut tenir ses engagements de retour à l'équilibre des comptes publics en 2017. C'est le constat que dresse un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF), révélé lundi par les Echos.
Le document, commandé par l'ancien Premier ministre François Fillon, détaille les marges de manœuvre de l'exécutif en matière d'assainissement budgétaire. Et le maître mot est clair : il faut réduire des dépenses, et modérer les hausses d'impôts. "Une trajectoire de retour à l'équilibre qui reposerait essentiellement sur une hausse des recettes serait contradictoire avec les efforts visant à améliorer la compétitivité de son économie et le pouvoir d'achat des ménages", assure l'IGF.
L'IGF plus "austère" que Sarkozy
Baisse du nombre de fonctionnaires, gel de leur salaire et/ou de leur avancement, gel des pensions, réexamen des dépenses d'intervention (prestations, subventions)… Le rapport liste une série de mesures très sensibles politiquement.
Certaines vont même plus loin que tout ce que les plus ardents défenseurs de l'austérité n'osaient imaginer. Le rapport prône ainsi une baisse de 1,5% des effectifs de fonctionnaires par an, soit 28.000 postes. Et évoque le "non remplacement de deux fonctionnaires sur trois partant à la retraite", alors que la règle du un sur deux instaurée par Nicolas Sarkozy avait déjà suscité un torrent de critiques.
Le rapport prône également un gel des pensions de retraites des agents de l'Etat, pour " faire contribuer les retraités aux efforts". Une mesure que Nicolas Sarkozy lui-même combattait.
De grosses dépenses intouchables
Les auteurs du rapport estiment ensuite que les diverses prestations et subventions de l'Etat, comme l’aide au logement et aux anciens combattants ou l’hébergement d’urgence, devraient diminuer de 2% par an, alors qu'elles progressent aujourd'hui de 2,9% par an et atteignent 57 milliards.
Les dépenses de fonctionnements de l'Etat enfin, sont aussi visées. Un coup de rabot de 2,5% par an permettrait d’économiser 800 millions d’euros par an. "Mais les marges de manœuvre sont aujourd'hui limitées", précise le rapport sur ce point.
Autre enseignement intéressant du document : de nombreuses dépenses sont quasiment incompressibles, à l'instar de la charge de la dette de l'Etat ou des dotations à l'Europe. On ne pourra donc pas réduire ces dépenses, et il faut trouver des économies ailleurs. Ce qui pourra donner des arguments aux partis extrêmes qui accusent la finance ou l'Europe, ces dépenses représentant plusieurs dizaines de milliards d'euros.
Les socialistes tiennent le cap
Le gouvernement et les socialistes refusent toutefois de se laisser dicter leur conduite. Le ministre de l'Economie et des finances a rappelé lundi que les objectifs seraient tenus sans austérité. "Nous avons nos propres voies et moyens, cela s'appelle un projet", a-t-il insisté lors d'un voyage à Bruxelles.
La première secrétaire du PS Martine Aubry lui a fait écho, rejetant la logique selon laquelle la résorption des déficits passerait "uniquement" par la baisse des dépenses. "Nous, nous pensons qu'il y a d'énormes marges de manœuvre en faisant rentrer des impôts complémentaires" visant "ceux qui ont eu tant de privilèges aux dépens des autres".
Pendant sa campagne François Hollande avait, lui, prévu une répartition plus équilibrée entre dépenses et impôts, à 50-50. "11,8 milliards seront trouvés en faisant contribuer les plus hautes rémunérations et en revenant sur la défiscalisation des heures supplémentaires, sauf sur les toutes petites entreprises. Et 17,3 milliards seront également recherchés du côté des entreprises, en supprimant les niches fiscales, sociales et en faisant en sorte de faire contribuer la finance", avait déclaré le candidat socialiste lors de la présentation de son programme en janvier.