La "rigueur de gauche" annoncée par l'Elysée semble se dévoiler petit à petit. Jérôme Cahuzac vient d'annoncer que le gouvernement va geler 1 milliard de dépenses des ministères, pourtant prévues pour la fin de l'année. "Chaque ministère y contribuera mais en gros, un milliard de dépenses qui devaient être engagées d'ici à la fin de l'année seront gelées, hormis pour les ministères jugés prioritaires, c'est-à-dire ceux de l'Education nationale, de la Justice et de l'Intérieur", a développé le ministre du Budget mardi sur BFM TV.
Sur l'ensemble de la mandature, Jérôme Cahuzac a confirmé que les effectifs seraient stables. "En cumul de tous les ministères, il n'y aura pas un fonctionnaire de plus, il n'y en aura pas un de moins", a-t-il assuré, malgré la promesse d'embaucher du personnel dans les trois ministères prioritaires. "Ce qui signifie que tous les autres ministères auront des agents en moins", a-t-il précisé.
"Ne pas compter que sur la fiscalité"
Le ministre a également donné des indications sur les mesures fiscales destinées à permettre un retour à l'équilibre budgétaire en fin de quinquennat, soulignant que "tout ce qu'on pourra faire comme économies devra être fait afin de ne pas compter uniquement sur la fiscalité pour redresser ce pays".
Jérôme Cahuzac a tout de même confirmé le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et la hausse des droits de succession, dont le plafond va passer de 150.000 euros tous les dix ans à 100.000 euros tous les quinze ans par enfant et par parent. Il a également rappelé que la taxation des dividendes à 3% sera mise en place dès cette année.
"Les entreprises qui versent des dividendes en ont versé pour 45 milliards. On s'est dit que demander à ceux qui percevront cette année 45 milliards d'euros de faire, via l'entreprise dont ils sont actionnaires, un effort à hauteur de 3% sur ce qu'ils reçoivent, nous paraissait acceptable". Cette mesure devrait rapporter entre 800 millions et 1 milliard d'euros par année pleine, selon lui.
La défiscalisation des heures supp' annulée
La taxe sur les transactions financières, mise en place par le gouvernement de François Fillon, devrait par ailleurs voir son taux relevé de 0,2% afin d'atteindre le produit prévu par la majorité précédente (environ 1 milliard d'euros en année pleine, ndlr). Selon Jérôme Cahuzac, cette taxe a connu un rendement beaucoup plus faible que prévu par le gouvernement précédent, "dans une proportion de 1 à 5".
La défiscalisation des heures supplémentaires sera annulée à l'exception des petites entreprises, a indiqué le ministre. "On va revenir sur l'avantage consenti aux heures supplémentaires car cette mesure est la démonstration de ce que la politique économique menée ces cinq dernières années n'était pas la bonne", a-t-il affirmé. "Avec cette mesure, nous avons subventionné le chômage", a-t-il ajouté. "En revanche, a précisé le ministre, on fera un effort pour les petites entreprises, car dans ces entreprises-là, cette souplesse est nécessaire".
Impôt à 75% : rien n'est défini
Concernant le prix du tabac, le gouvernement s'en tiendra à la hausse prévue par son prédécesseur, a-t-il assuré. "Il est prévu une hausse du tabac de 6% au mois de septembre, c'est dans le plan de hausse qui avait été prévu par le gouvernement précédent, en accord avec la filière. Ce plan sera respecté".
Enfin, concernant l'imposition à 75% pour les revenus supérieurs à 1 million d'euros, Jérome Cahuzac a assuré que rien n'était défini dans l'immédiat. "Ce n'est pas pour le mois d'août, ce sera pour la loi de finances initiale, et les choses ne sont pas calées", a-t-il dit. "Le système lui-même n'est pas défini, nous y réfléchissons. Ce sera pour la loi de finances initiale, donc ce sera en vigueur à partir 1er janvier 2013".
Pendant la campagne Jérôme Cahuzac, pourtant responsable du pôle budget, finances et fiscalité de François Hollande, n'avait pas été mis au courant de l'annonce de cette mesure par le candidat socialiste, et l'avait appris en direct sur Canal+. Il avait refusé de la commenté, et donc de la défendre.