C'est le rapport qui a mis le feu aux poudres. Commandé début mai par la ministre de l'Economie, le rapport rendu vendredi dernier par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) estime que les compagnies pétrolières et les distributeurs n'ont pas totalement répercuté la baisse du prix du pétrole.
Alors que le prix du baril de Brent est passé de 125 dollars à 114 dollars en deux semaines durant le mois d'avril, la baisse constatée sur les prix du gazole a été seulement répercuté dans une proportion de 50 à 70%, rapporte lundi Le Parisien, qui s'est procuré le rapport.
En chiffres, le potentiel de baisse du prix à la pompe sur le gazole était de 0,06€ le litre, et de 0,04€ pour le SP95-E10. Dans les faits, la baisse des prix du gazole a été comprise entre 0,026€ et 0,039€ le litre dans les stations-essence. Ce qui signifie que les distributeurs ont gardé de la marge.
Pire pour le sans-plomb
Quant à l'essence sans-plomb, note la DGCCRF, la baisse des cours n'a quasiment pas ou pas du tout été répercutée. Pire : les distributeurs indépendants ont même augmenté leurs tarifs.
Pour ce qui concerne le transport et la distribution, les compagnies pétrolières ont même augmenté leur marge brute, ce qui n'aurait pas été possible "si la répercussion des prix du brut avait été parfaite et instantanée", note la DGCCRF, dont les remarques sont retranscrites par Le Parisien.
Des contraintes techniques et commerciales
Ces différences de répercussion des prix sont pour partie dues aux contraintes techniques et commerciales qui varient selon les structures, reconnaît la DGCCRF. Grandes surfaces, indépendants ou compagnies pétrolières classiques n'ont pas les mêmes impératifs. En outre, le taux de change dollar/euro a également estompé la baisse du cours du baril de brut.
Sur la base de ce rapport, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a déclaré dimanche sur Europe 1 que le gouvernement pourrait imposer aux pétroliers de réduire le prix des carburants à la pompe s'ils ne justifient pas les baisses insuffisantes de prix constatées jusqu'ici par l'administration.