"Les lignes ont bougé", dixit le ministre de l'Economie. Très attendu sur le dossier des prix des carburants, Pierre Moscovici a abattu ses cartes mardi en milieu de journée. A l'issue de sa réunion avec les industriels du secteur pétroliers, il a fait une annonce en trois chiffres, dont l'un est le plus emblématique : Bercy espère une baisse allant jusqu'à 6 centimes par litre.
• "Jusqu'à 6 centimes" de baisse. Le ministre de l'Economie a promis que"les prix baisseront jusqu'à 6 centimes à la pompe (pendant les trois prochains mois, ndlr). C'est un effort substantiel". "Concrètement, c'est un euro et demi de moins" pour un plein de 25 litres, a-t-il souligné.
• Une baisse applicable dans les 24 heures. "Cette décision sera applicable dans les 24 heures et donc les prix à la pompe vont baisser maintenant", a-t-il souligné, avant de préciser que cette baisse des prix est applicable pour trois mois. Ensuite, Bercy va "mettre en place un mécanisme plus pérenne" que "les consommateurs appellent de leurs voeux".
• Un effort de 300 millions d'euros. Pour réaliser cette baisse des tarifs, l'effort financier va être partagé à parts égales entre l'Etat et les entreprises : 3 centimes pour les pétroliers et 3 centimes pour l'Etat. L'Etat va renoncer à 300 millions d'euros, tandis que les industriels vont faire baisser les prix d'au moins un centimes d'euro par litre. Total a ainsi annoncé une baisse de ses prix de 2 centimes par litre et 3 centimes sur les autoroutes. Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip) a, lui, expliqué que la baisse de la part des entreprises serait supérieure à un centime d'euro par litre.
Une promesse de campagne, beaucoup d'attente
François Hollande avait promis pendant la campagne présidentielle de bloquer les prix des carburants pendant trois mois, une promesse mise entre parenthèses au lendemain de son élection en raison d'une baisse des prix du pétrole et du carburants à la pompe, repartis depuis à la hausse.
Cette diminution des prix à la pompe est un peu plus étoffée que la fourchette de 2 à 4 centimes qui avait été évoquée la veille par le chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault, mais il est peu probable qu'elle satisfasse les associations de consommateurs, alors que le gazole a atteint la semaine dernière un nouveau record, à près de 1,46 euro le litre.
"Nous sommes certains que ce ne sera pas suffisant et nous avons peur que cette légère baisse suscite beaucoup de désillusions", a lancé lundi Michel Fréchet, président de la Confédération générale du logement (CGL), tandis que l'association Familles rurales soulignait qu'en dessous de 10 centimes par litre, il n'y aurait "aucun impact" sur le pouvoir d'achat des ménages.