Midi-Pyrénées coupe les vivres. Ils avaient l'impression de payer la SNCF pour rien. Les élus de la Région Midi-Pyrénées ont décidé de suspendre leur contribution au fonctionnement du transport ferroviaire régional, pour protester contre la dégradation des services de la compagnie ferroviaire. Manque à gagner pour la SNCF ? Pas moins de 400.000 euros par jour, selon les informations d'Europe 1.
Dans une lettre au directeur local de la SNCF, le président de la Région, Martin Malvy, "justifie cette décision exceptionnelle par la dégradation du service observée, particulièrement sur le quart Nord-Est du réseau régional pour lequel retards et suppressions de trains sont devenus chroniques".
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Des fonds bloqués jusqu'à ce que… Sur ce "quart Nord-Est", le trafic a d'abord été interrompu pendant plusieurs mois entre 2011 et 2013, suite à des travaux de modernisation dans le Tarn et l'Aveyron. Or, "les travaux ont coûté 515 millions d'euros, dont 291 financés par la Région", rappelle Martin Malvy. Et le résultat n'était apparemment pas à la hauteur de ce qu'avait promis la SNCF.
"L'exaspération exprimée par les usagers est à la mesure des désagréments qu'ils ont subis (...) et leur déception est à la hauteur de leurs espérances d'une amélioration significative de leurs déplacements", écrit Martin Malvy. Résultat : selon les informations d'Europe1, la Région bloquera sa contribution tant que la SNCF n'assurera pas en permanence 92% de son trafic, conformément à ses engagements avant les travaux.
Sept régions entrées en rébellion. La fronde de la région Midi-Pyrénées n'est pas un cas isolé : en novembre 2013, sept autres régions ont également refusé de payer, d'autant que leur contribution augmente chaque année, inflation oblige. C'est notamment le cas de l'Aquitaine, qui a ainsi voulu faire pression sur la SNCF. "C'est pour provoquer un électrochoc. Nous avons subi les années passées des hausses de 3 à 4% qui nous paraissent tout à fait déraisonnables. Le réseau n'est plus en état, nous disons donc 'niet' à la SNCF", précise Patrick du Fau de Lamothe, conseiller régional en charge des TER.
D'autant que la SNCF multiplie les "surprises". La région Nord Pas-de-Calais a également participé à cette fronde, et pour cause : l'entreprise a décidé, sans consulter le conseil régional, de réduire les horaires d'ouverture des guichets dans les gares. Résultat, la région a suspendu deux versements de 56 millions d'euros. "Il y a vraiment un dialogue complètement bloqué avec la SNCF, ils ont retiré trois d'ouverture le matin et trois heures le soir, ce n'est pas rien. Nous avons donc bloqué le paiement de 112 millions d'euros", confirme Dominique Plancke, président de la commission Transports et infrastructures au Conseil régional .
La région Paca a, elle, menacé de réduire ses versements en ne payant la SNCF qu'au pro rata des trains qui partent à l'heure. En Lorraine, un audit a été commandé pour vérifier les factures de la SNCF, dont les montants ne cessent de grimper. Et que certaines régions ne peuvent même plus payer, à l'image de l'Auvergne qui ne pourra pas verser sa subvention à la SNCF avant 2015... à moins d'obtenir une réduction de sa facture.
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