Un salarié accuse la direction de l'usine qui a perdu son agrément sanitaire.
Depuis jeudi soir, ils sont au chômage technique. Les salariés de Spanghero ont appris que leur société agroalimentaire, mise en cause par l'enquête des autorités françaises dans le scandale de la viande de cheval, s'était vue retirer son agrément sanitaire pendant huit jours. La production est donc arrêtée à Castelnaudary, dans l'Aude, laissant 350 employés désœuvrés, partagés entre les craintes et la colère à l'égard de la direction.
"Ce sont de gros magouilleurs." Alain, qui travaille depuis quinze ans chez Spanghero, soupçonnait depuis trois ou quatre mois sa hiérarchie de se livrer à des pratiques douteuses. L'appel de son chef de service, jeudi soir, pour lui dire de ne pas venir à l'usine ne l'a pas vraiment surpris. Depuis, il ne mâche pas ses mots : "Ce sont de gros magouilleurs. Chez nous, les directeurs sont associés à des mafieux. Ils veulent griller des sous mais en faisant n'importe quoi".
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"J'espère qu'il ira en taule." Si Alain estime que, la maison-mère, la coopérative basque Lur Berri, "est clean", il accuse "le négociant qui allait en Roumanie" et "le directeur commercial" de Spanghero d'être complices dans cette affaire. "On n'a jamais eu de preuves. On en discutait tous les jours, on s'est dit 'ils ne sont pas clean'." "Nous on se retrouve à la rue et eux, qu'est-ce qu'ils risquent ?", s'interroge-t-il avant de lâcher : " J'espère qu'il ira en taule."
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"Rassurer" les salariés. Invité vendredi matin sur Europe 1, le ministre délégué à la Consommation Benoît Hamon a évoqué le sort de ces employés : "ils sont inquiets, d'autant plus qu'ils n'ont aucune responsabilité dans le fait qu'on a décidé dans leur entreprise de ré-étiqueter de l'avant d'animal désossé en avant de boeuf désossé", a souligné le ministre. "Nous verrons avec eux, avec l'entreprise, de quelle manière rassurer les salariés dans les semaines qui viennent." De son côté, Barthélémy Aguerre, le PDG de Spanghero a nié toute responsabilité à l'antenne d'Europe 1 vendredi matin, assurant qu'il allait "faire la preuve de son innocence (...) et de celle de ses collaborateurs." Il accuse le ministre d'être "allé un peu vite" et d'avoir été "imprudent". "Je ne sais pas si on pourra se relever", a-t-il admis.