La prévision. Coup dur pour la promesse de François Hollande d'inverser la courbe du chômage d'ici 2014. Selon les dernières prévisions de l'Insee, le taux passera de 10,9% fin 2013 à 11% d'ici fin juin 2014, avec une progression moyenne de 0,3% par trimestre. La courbe ne s'inversera donc pas. "Mais il s'agit tout de même d'une stabilisation, alors qu'on était sur une tendance à la hausse en 2012 et 2013", tempère Cédric Audenis, chef du département de la conjoncture de l'institut de statistiques, au micro d'Europe 1.
Une stabilisation poussée par une (petite) bonne nouvelle : la croissance sera au rendez-vous les trois prochains trimestres, avec une hausse du PIB de 0,4% fin 2013 et de 0,2% pour les deux premiers de 2014.
>> Mise à jour, vendredi 20, 6h07 : François Hollande a assuré jeudi soir qu'il tablait toujours sur une inversion de la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année et en 2014, faisant valoir que "tout est fait" pour y parvenir.
Pourquoi une telle stabilisation ? "Elle s'explique par une reprise de l'activité, poussive, mais reprise quand même, qui fait que les entreprises vont arrêter de diminuer leurs effectifs", détaille Cédric Audenis. "Mais ce n'est pas non plus suffisant pour interrompre la hausse. Ce sont les emplois aidés qui le permettent", poursuit l'expert. Et de préciser : "au total, l'emploi croit. Mais comme la population active augmente, le taux de chômage continue aussi d'augmenter".
Ayrault est confiant. "L'année n'est pas terminée et nous y sommes quasiment", a pour sa part assuré jeudi Jean-Marc Ayrault, invité du 20h de TF1, interrogé sur la promesse d'inverser la courbe. "Les chiffres du mois dernier sont bons. Attendez les chiffres du mois prochain", a martelé le Premier ministre. "Cet objectif de l'inversion, nous allons l'atteindre. Pas pendant quelque mois, mais durablement", a-t-il promis.
Le gouvernement va-t-il vraiment s'en contenter ? L'ensemble de l'exécutif s'est certes réjoui des chiffres du chômage du mois dernier, qui a vu le nombre d'inscrits à Pôle Emplois baisser de 25.500 sur un mois. Mais, d'une part, il n'est pas certain que les chiffres de Pôle emploi restent dans le vert en 2014. De plus, les chiffres de l'Insee et de Pôle emploi ne sont pas les mêmes. La publication mensuelle du nombre de chômeurs est un décompte administratif fait par Pôle emploi : on compte simplement le nombre de personnes inscrites.
Or, l’Insee publie une étude plus poussée. Le taux est calculé à partir de données récupérées par des enquêteurs sur le terrain, auprès de chefs d'entreprises et de ménages. L'Insee rejoint d'ailleurs dans ses prévisions l'Unedic, gestionnaire de l'Assurance chômage, qui prévoit lui aussi une quasi-stabilisation, avec une hausse de 75.600 inscrits sur l'ensemble de l'année 2014. Et, confie-t-on au ministère du Travail, le gouvernement ne sera pleinement satisfait que lorsque tous les indicateurs seront au vert.