Non, c’est non. Le président chypriote Demetris Christofias, en négociations avec le FMI et l’Union européenne au sujet d’un plan d’aide financière pour son pays, a rejeté en bloc mercredi les exigences de ses bailleurs internationaux.
Le pays, qui vit des jours difficiles depuis la restructuration de la dette grecque début mars, a en effet besoin de 10 à 15 milliards d’euros pour éviter une faillite. Selon les médias de l’île, les experts internationaux demanderaient une baisse des salaires des fonctionnaires de 15 % et des prestations sociales de 10 %, une diminution des subventions publiques, une hausse de la TVA et la privatisation de certaines agences gouvernementales. Demetris Christofias n’entend pourtant pas accepter sans broncher les conditions imposées.
"Hors de question" de revenir sur les avancées sociales
Pour le président chypriote, élu communiste, ces demandes relèvent de l’absurde. "Il est hors de question que je signe un mémorandum qui abroge l’indexation des salaires sur l’inflation, ou la privatisation d’organismes semi-publics bénéficiaires", a-t-il déclaré dans la presse grecque. "Cette méthode néolibérale a fait faillite. Elle crée un cercle vicieux".
Il faut bien reconnaître que l’exemple grec a de quoi refroidir les ardeurs : deux ans et demi après avoir demandé une aide internationale, Athènes ne voit pas d’issue à ses difficultés, coincée entre un chômage galopant (24,4 % en juin) et une croissance inexistante (-4,7 % prévus cette année).
Chypre, plus forte concentration de banques en Europe
L’origine des problèmes de Chypre, c’est la très forte concentration de banques qu’on y trouve. Avec 104 établissements pour 100.000 habitants, c’est en effet le pays le plus "riche" en banques, loin devant le Luxembourg (89) et la Suisse (51). La crise a fragilisé beaucoup de ces établissements, qui détiennent traditionnellement une grande quantité de dette du voisin hellène. L’effacement début 2012 d’une partie de la dette publique d’Athènes sous la pression de l’Union européenne a contraint le gouvernement chypriote à voler au secours de son système bancaire, pour un coût total de 4,2 milliards d’euros. Soit la bagatelle de 23 % du PIB de l’île.