"Nous somme dans une Europe de marché et non dans une Europe des peuples. Le commerce est roi, au dessus des problématiques de santé", a déploré vendredi le professeur Bertrand Dautzenberg, présidant de l'office français de prévention du tabagisme, interrogé par Europe1.fr sur la probable fin des limitations de transports de cartouches de cigarettes de l’étranger vers la France. Alors qu'il est actuellement interdit de ramener en France plus de cinq cartouches de cigarettes d'un autre pays de l'Union européenne, l'interdiction pourrait bientôt être levée, selon les informations d'Europe 1. Le ministre du Budget Jérôme Cahuzac en a convenu ainsi, jeudi, devant des douaniers.
La raison? Au nom du libre-échange, la France ne peut pas limiter la circulation des cartouches. "Ce n'est pas raisonnable", tacle le pneumologue. "Le tabac n'est pas un produit de consommation comme les autres. Avec le tabac, on achète sa mort", martèle-t-il. En veut-il à Jérôme Cahuzac, qui a cédé aux recommandations de Bruxelles pour éviter une sanctions de la Cour de justice européenne ? "Non, il a maintenu la limitation autant qu'il a pu. C'est le droit européen, il n'y a rien à faire". Mais le professeur appelle maintenant le ministre du Budget à défendre de manière "agressive", auprès de Bruxelles, la reconnaissance du fait que les cigarettes ne sont pas des produits comme les autres.
Pour Bertrand Dautzenberg, "de la gauche à la droite, des buralistes aux associations de santé, il y a un consensus" en faveur d'une limitation de la circulation des cartouches en provenance de l'étranger. "Mais Bruxelles les lobbys du tabac sont allés taper à la porte de Buxelles, qui a cédé".