Que choisir ? Un sapin en plastique réutilisable ou un sapin naturel jetable ? Un sapin naturel qui sent bon (epicea) ou un sapin naturel qui ne perd pas ses aiguilles (Nordmann) ? Environ six millions de conifères destinés à accueillir les cadeaux du Père Noël sont vendus chaque année en France. Et les besoins hexagonaux proviennent à près de 80% de la production intérieure.
Or, la production intensive de sapin peut s'avérer néfaste pour la planète, et parfois pour la santé de ceux qui habitent près des plantations. Mais comment s'assurer que notre achat est bien respectueux de l'environnement ? Europe1 vous donne les clés pour acheter un beau sapin vraiment "vert". Et ce n'est pas si simple.
Les sapins artificiels, oubliez… ou gardez les très longtemps. La majorité des arbres vendus en France sont des sapins naturels (5 millions). Et contrairement à ce que l'on pourrait croire, c'est mieux pour la planète. Car même s'il ne doit pas être changé chaque année, la matière même du sapin artificiel fait qu'il pollue plus : le plastique, composé essentiellement de pétrole. "Son processus de production est coûteux en énergie et en plastique émetteur de gaz à effet de serre", prévient ainsi le ministère de l'Agriculture sur son site. Selon une étude d'Ellipsos, un cabinet de conseil québécois spécialisé dans le développement durable, il faut garder 20 ans un sapin artificiel pour qu'il ait moins d'impact sur l'atmosphère que le sapin naturel. Or, en France, le sapin artificiel est aujourd'hui gardé trois ans en moyenne.
Les sapins naturels ont de nombreux effets positifs… Le sapin naturel, lui, est bon pour l'atmosphère. Il aspire du dioxyde de carbone et le transforme en oxygène. En outre, les sapins destinés à Noël sont souvent arrachés jeunes, pour être remplacés par d'autres. Or, ce sont les jeunes qui produisent le plus d'oxygène. En outre, son "système racinaire stabilise le sol et permet de réduire les risques d’inondation dûs à l’érosion par les vents ou les eaux. La perméabilité des plantations d’arbres de Noël réduit le ruissellement lors des pluies estivales", poursuit le ministère de l'Agriculture.
Surtout, les sapins naturels peuvent être recyclés. Ils peuvent être transformés en copeaux ou en compostes et peuvent ensuite servir de matériaux. Pour savoir où déposer votre sapin pour qu'il ne finisse pas dans une vulgaire décharge, adressez-vous à votre commune.
Certains proposent même de louer le sapin, comme la société française Treezmas par exemple. Le principe : l'arbre retourne chez l'agriculteur après les fêtes. Il est replanté et continuera sa croissance en pot s'il est encore petit, où restera en terre s'il est déjà grand. Le coût du service est certes un peu plus élevé, entre 64 et 119 euros, alors qu'acheter un sapin naturel vous coûtera entre 10 et 105 euros. Mais la location permet de limiter (un peu) la production de masse des conifères.
… Mais peuvent être néfastes. Et l'élevage intensif de sapins n'est pas sans danger pour l'environnement. Les produits phytosanitaires, les engrais et régulateurs de croissance qui sont utilisés pour la production peuvent se retrouver dans l'eau, notamment en cas de pluie. Dans le Morvan, en Bourgogne, où est produit plus du quart des sapins français, il est même déjà arrivé qu'une commune se retrouve privée d'eau potable à cause des produits phytosanitaires. "Aujourd'hui, il existe encore quelques stations de captage d'eau mises en demeure à cause d'une telle pollution. Ce n'est pas une problématique majeure, cela concerne moins d'une dizaine de captages sur 200. Mais c'est un enjeu fort. Nous devons sensibiliser les producteurs à cela", explique à Europe1 Maria Galiana, Chargée de missions eau et assainissement au Parc du Morvan.
"Chaque année, les arbres subissent neuf traitements différents. Ces produits coulent dans les sources et les rivières", prévenait également l'association de défense de l'environnement, le 26 novembre dans le Parisien.
La clé : connaître leur mode de production. Les choses ont toutefois évolué depuis quelques années, et "de plus en plus d'éleveurs font des efforts", constate Maria Galiana. En effet, de plus en plus de producteurs utilisent des méthodes d'agricultures "raisonnées". Des machines ou des moutons remplacent par exemple parfois les désherbants. Et certains agriculteurs ne désherbent qu'au pied des sapins, mais pas dans les allées, pour limiter l'usage de phytosanitaires. Les labels "plante bleue" ou MPS permettent de se faire une idée des agriculteurs raisonnés. N'hésitez-pas à poser la question à votre vendeur également. Et il faut, évidemment, vérifier la provenance du sapin : un arbre produit près de chez vous aura été transporté moins longtemps qu'un arbre venant du Danemark !
Existe-t-il des sapins "bio" ? Mais si les producteurs ont fait des efforts, rares sont encore les sapins 100% écolo. L'Association française des sapins de noël naturels (AFSNN), qui regroupe la plupart des producteurs, ne recense qu'un seul producteur "bio", en Ariège. Ce dernier, conformément aux normes européennes du "bio", n'utilise aucun produit chimique.
Pourquoi est-il le seul ? "Un sapin bio n'a pas la même qualité. Vous accepteriez d'acheter une rose tordue ou tachetée ? Il y a quelques années, une étude nous apprenait que les consommateurs n'avaient pas d'attente particulière sur les sapins bio. Pour eux, un sapin naturel, c'est déjà 'bio'! Les producteurs s'adaptent à la demande", explique à Europe1 Vincent Houis, de l'AFSNN, pour qu'il y a tout de même encore "des choses qui peuvent changer" pour responsabiliser les producteurs. "Mais les consommateurs ont un rôle important à jouer", renchérit Maria Galiana. Qui conclut : "ils doivent accepter d'acheter un sapin qui n'est pas parfait. Ce n'est que comme ça que se développera le bio".