3.300 emplois menacés chez PSA à Aulnay-sous-Bois, 300 postes supprimés chez Renault à Flins, un recul des immatriculations estimé à 10% pour l'année 2012 : le filière automobile française se porte mal et a appelé à la mi-juin le gouvernement au secours. En charge de l’industrie, Arnaud Montebourg ne peut ignorer la filière automobile, qui emploie près d’un travailleur sur dix.
Le ministre du Redressement productif a donc annoncé lundi que son plan d’aide sera prêt "dans les jours qui viennent", à savoir le 11 juillet prochain. Mais quelles sont ses marges de manœuvres, alors que la filière a déjà été soutenue en 2009 et 2010 ?
UNE CERTITUDE, PAS DE PRIME A LA CASSE
Cette solution, qui consiste à subventionner les automobilistes qui abandonnent leur vieille voiture pour un nouveau modèle, a déjà été mise en place début 2009. Mais cette méthode s’est révélée très coûteuse et, de toute façon, les professionnels ne demandent pas son retour.
"La prime à la casse a sûrement fait le plein lors des trois dernières années et elle ne serait pas si efficace que cela sur tous les types de véhicules", a confirmé François Roudier, du Comité des Constructeurs Français d’Automobiles.
La prime à la casse a en effet montré ses effets pervers : elle fait baisser les prix de manière irrémédiable et favorise les petits modèles d’entrée de gamme… qui sont essentiellement fabriqués en Slovénie ou en Turquie pour Renault. L’effet sur l’emploi serait nul, reste donc à trouver de nouvelle solutions.
LES AUTRES PISTES
Soutien au chômage partiel. C’est l’un des moyens pour éviter de licencier en masse dans les usines et il est déjà mis en œuvre. L'Etat paie alors une partie du salaire des ouvriers qui restent à la maison mais cela coûte cher : au moins 150 millions d’euros pour la seule année 2012.
Aider les sous-traitants. Ces derniers sont les premiers à mettre la clé sous la porte quand un constructeur réduit la voilure et part à l'étranger. Or leur rôle est majeur : aujourd’hui, 75% d’une voiture est fournie par les équipementiers, le constructeur ne faisant que dessiner et assembler. Le gouvernement souhaite donc ne pas réserver son aide aux seuls Renault et PSA et inclure les sous-traitant dans sa réflexion.
Privilégier la localisation à la nationalité. Dans le même état d’esprit, le gouvernement souhaite ne pas réserver son coup de pouce aux seuls producteurs français, qui produisent beaucoup à l’étranger, mais inclure aussi les marques étrangères qui produisent en France. C’est notamment le cas de Toyota ou encore de Général Motors. Peu importe le drapeau, l’idée est de soutenir la production en France.
Une banque pour la filière auto. Avec des perspectives économiques moroses en Europe, la filière auto peine à convaincre les banques. Or le gouvernement redoute plus que tout un assèchement du crédit qui peut s’avérer fatal à la moindre baisse d’activité. Arnaud Montebourg souhaiterait donc créer un fonds qui servira de caution auprès des banques pour tous les équipementiers, concessionnaires et garagistes : en clair, ce fonds servirait d’assurance pour convaincre les banquiers réticents. Reste à trouver l’argent pour alimenter ce fonds, le gouvernement envisageant soit une taxe, soit la réorientations d’aides existantes, comme celles du Fonds d’Aides aux Equipementiers (FMEA).
Des taxes ciblées ? Une autre piste a été envisagée par le cabinet d’Arnaud Montebourg : il s’agirait de taxer ceux qui ne privilégient pas le ‘fabriqué en France’. Sont notamment visés les entreprises implantées en France mais qui importe tout de même une production de l'étranger, à l'image de l’acier d'ArcelorMittal qui ne viendrait pas de Florange ou encore des voitures Dacia fabriquées hors de France. Problème : de telles taxes pourraient être retoquées par Bruxelles car jugées trop ciblées et donc discriminatoires.