En cette époque de tensions sociales, le rendez-vous est autant attendu que redouté : la conférence sociale organisée par le gouvernement se tient lundi et mardi. Mais l’atmosphère s’annonce électrique tant le dialogue entre les syndicats et le patronat est tendu. Certaines organisations menacent même de ne pas s’y rendre. Mais que demande chaque partie ? Europe1.fr fait le tour des revendications.
Une conférence pour quoi faire ? A son arrivée au pouvoir, François Hollande a voulu redonner du poids aux partenaires sociaux, d’autant que ce sont eux qui négocient la réforme des retraites ou encore celle de l’assurance chômage. Le président de la République a donc décidé d’organiser chaque année une conférence sociale réunissant syndicats et patronat, afin de faire un bilan de l’année passée et d’organiser les futures négociations.
Sauf que cette année, le dialogue est plus que compromis : patronat et syndicats ne se parlent presque plus directement et interpellent à tour de rôle le gouvernement, coincé face à ces injonctions paradoxales.
Ce que veulent les syndicats. Avant tout, les syndicats demandent que le gouvernement impose, comme il l’a affirmé à plusieurs reprises, des contreparties au pacte de responsabilité. En échange d’une baisse des charges et d’une simplification réglementaire, les entreprises sont en effet censées embaucher et/ou proposer des revalorisations salariales. Sauf que ces dernières refusent tout engagement chiffré.
Les syndicats souhaitent aussi que le gouvernement revienne sur le report du compte pénibilité. Les syndicats ont en effet accepté de soutenir la réforme des retraites en échange de cette innovation sociale. Sauf que maintenant que la réforme des retraites a été adoptée, ils voient leur principale monnaie d’échange menacée : Manuel Valls a annoncé son report d’une année.
Seule certitude, les syndicats doivent obtenir des gages, tant dans leur intérêt que celui du gouvernement. Les organisations syndicales commencent en effet à se faire dépasser par leur base, comme ce fut le cas lors de la grève des cheminots en juin, qui a perduré malgré l’appel de la CGT à retourner au travail. Or le gouvernement a besoin de syndicats légitimes pour mener à bien ses réformes.
Ce que veut le patronat. Le Medef continue de réclamer une baisse du coût du travail, mais pas seulement. Le patronat réclame ainsi la mise en oeuvre d'un dispositif "zéro charge" pour l'embauche d'un apprenti. Ou encore que les entreprises soient davantage associées à la carte des formations et à la "construction de diplômes" en adaptation avec leurs besoins. Et ils refusent bien sûr toute contrepartie chiffrée au pacte de stabilité.
Autres réclamations : des assouplissements du contrat de professionnalisation, l’augmentation du crédit d'impôt apprentissage, ou encore une révision du code du travail. Ce dossier fait d’ailleurs partie des sujets qui seront débattus. Le compte pénibilité est également décrié par le Medef, tout comme par la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), qui réclame en outre l'abrogation de la réforme du temps partiel.
La CFE-CGC réclame, elle, plusieurs mesures en faveur de la classe moyenne, dont la baisse de la fiscalité sur la participation et l'intéressement et le retour du forfait social à 8% au lieu de 20%. Mais aussi que les réductions fiscales en faveur des ménages ne concernent pas uniquement les plus défavorisés mais aussi les classes moyennes.
Qui participera finalement ? A priori, les principales organisations syndicales en seront, même si la majorité a menacé de la boycotter. L'UPA, qui représente les artisans, a confirmé sa présence. Le Medef doit se prononcer vendredi. Le syndicat Solidaires a, lui, annoncé jeudi qu’il n’en serait pas : "la grande conférence sociale pour l'emploi... sans social et sans emploi, ce sera sans nous !".
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