François Rebsamen, le ministre du Travail, a demandé mardi à Pôle Emploi de mieux contrôler les chômeurs, afin de vérifier qu'ils "cherchent du travail". Si ce n'est pas le cas, "ils seraient radiés. A un moment, il faut qu'il y ait une sanction", a-t-il ajouté. Des propos qui ont indigné certains syndicats et une partie de la gauche. Même si le ministre s'est défendu de vouloir "stigmatiser les chômeurs".
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Laurent Berger se dit "atterré". Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, interrogé mardi par le Talk Orange-Le Figaro, s'est dit "atterré" par les propos du ministre du Travail. Il a aussi jugé ses propos "scandaleux" qui constituent une "stigmatisation des chômeurs". "Ma pensée va aux gens que je connais, jeunes et moins jeunes, qui cherchent du boulot désespérément et attendent des responsables politiques et du patronat des solutions en termes d'emploi et se voient stigmatisés", a-t-il ajouté.
Interrogé sur les possibles fraudes de la part de chômeurs, Laurent Berger a répondu : "connaissez-vous des secteurs où il n'y a pas d'abus? ". Le problème "n'est pas là", selon lui.
Stigmatiser les chômeurs au moment ils sont + de 5M n'améliorera pas la situation de l'emploi. Les responsables ne sont pas les chômeurs !— Laurent Berger (@CfdtBerger) 2 Septembre 2014
Pour FO, un "totalitarisme social". Selon Stéphane Lardy, secrétaire FO chargé de l'emploi, les propos de François Rebsamen "stigmatisent" les chômeurs. "À Force ouvrière, on est assez abasourdi par l'intervention du ministre du Travail et de l'Emploi. Si la politique de l'emploi de notre gouvernement, c'est simplement stigmatiser des chômeurs, franchement je trouve que c'est assez pathétique", a poursuivi le syndicaliste. Le ministre "ne nous avait pas habitués à ça", a-t-il ajouté Il a accusé le gouvernement d'"enfoncer des portes ouvertes" et de proposer une politique économique et sociale "pauvre". "Je ne comprends pas du tout l'intervention du ministre sauf à dire que malheureusement libéralisme économique va de pair avec autoritarisme social", a ajouté Stéphane Lardy.
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Des déclarations pas "pertinentes" pour Cambadélis. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a également marqué son désaccord avec François Rebsamen. "Les annonces faites sur d'autres sujets, en particulier sur le contrôle des chômeurs, brouillent le message présidentiel, et nous le regrettons", a-t-il affirmé dans un communiqué, après une visite de François Hollande dans un collège francilien pour la rentrée scolaire. "Ces annonces ne sont pas non plus pertinentes", a-t-il ajouté. "Si les abus peuvent être recensés, on ne peut réduire notre politique à ce but". Pour lui, "la politique de l'emploi doit offrir une large palette de mesures susceptibles de créer la confiance, tant pour les entreprises que pour les salariés ou les personnes à la recherche d'emploi".
Le socialiste Gérard Filoche, lui, a rappelé sur Europe 1 que la priorité doit être la lutte contre le chômage, "ce n'est pas la faute des chômeurs". Il souligne qu'il existe déjà des sanctions, il y a déjà "plusieurs dizaines de milliers de radiations".
Visiblement, à gauche, il n'est pas le seul mécontent :
f Rebsamen veut renforcer le contrôle des chômeurs. Étrange façon de lutter contre le chômage.— Barbara Romagnan (@bromagnan) 2 Septembre 2014
A écouter @frebsamen, je me demande s'il connaît la vie d' 1 chomeur/euse. Le pb c est le chômage, pas les chômeurs.— Emmanuelle Cosse (@emmacosse) 2 Septembre 2014
Rebsamen voulait seulement "rappeler la loi". L'entourage de François Rebsamen a tenté de calmer le jeu en fin de journée. "Il ne s'agissait en aucun cas de stigmatiser les chômeurs mais de rappeler la loi", a-t-on indiqué, en précisant que "ces contrôles existent déjà" et qu'"aucun nouveau dispositif n'est prévu".