Trop cher. En Corse, quatre logements sur dix sont désormais des résidences secondaires. Pour contrer la flambée des prix et la spéculation foncière et immobilière, l'Assemblée de Corse a adopté vendredi un statut de résident permanent d'au moins cinq ans pour devenir propriétaire dans l'île. Ce statut, dont l'idée avait été lancée par les nationalistes dénonçant l'impossibilité pour de plus en plus de Corses de se loger sur leur terre, a été adopté par 29 voix sur les 51 élus de l'assemblée dont la majorité est à gauche. Pour le président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse, Paul Giacobbi, député PRG de Haute-Corse, qui avait présenté le projet, l'adoption du statut de résident "casse toute velléité de spéculation".
Le constat. Environ 310.000 personnes, en majorité d'origine non corse, vivent dans l'île où s'installent chaque année 4 à 5.000 nouveaux venus. La majorité des résidences secondaires sont situées dans les zones littorales, mais de plus en plus souvent aussi à l'intérieur de l'île. Nombre d'entre elles sont en outre louées au noir à des prix très élevés échappant à tout contrôle. Cette activité économique parallèle fort lucrative qui a explosé notamment avec les locations par internet auxquelles les services de l'Etat semblent, de l'avis des professionnels concernés, peu s'intéresser, met de plus en plus en difficulté les secteurs du tourisme, principale activité économique de Corse, et de l'immobilier exerçant officiellement leurs activités.
Un dispositif qui reste à entériner. De nombreux élus ont souligné qu'un tel dispositif juridique existe déjà ailleurs dans le monde, notamment dans d'autres pays européens. Son adoption sera soumise au vote de l'Assemblée nationale et du Sénat, le parlement devant aussi se prononcer sur l'inscription de la Corse dans la constitution. Cette inscription sera défendue par les députés insulaires de droite comme l'UMP de Corse-du-Sud Camille de Rocca Serra, également élu territorial, qui a toutefois voté contre le statut de résident, déplorant la nature "idéologique" de cette mesure.