Crise: Hollande et Monti veulent rassurer

François Hollande a déjeuné avec le chef du gouvernement italien, Mario Monti, mardi à l’Élysée. © Charles Platiau / Reuters
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Les chefs d’États français et italien étaient réunis mardi à l’Élysée, dans un contexte tendu en zone euro.

"Nous allons tout faire pour que la zone euro soit défendue, préservée, consolidée." Donner confiance aux marchés : comme en témoignent ces mots de François Hollande, c'est la priorité du moment pour les dirigeants européens. Le président français a déjeuné avec le chef du gouvernement italien, Mario Monti, mardi à l’Élysée. 

"Nous avons rappelé une nouvelle fois notre volonté de tout faire pour que, d'abord, les décisions du Conseil européen de la fin du mois de juin soient appliquées, que la zone euro soit défendue, préservée, consolidée et que nous puissions travailler à son intégrité", a déclaré François Hollande à l'issue de leur rencontre.

Mario Monti a ensuite également fait part de sa détermination face à la crise. "Nous ne pouvons pas nous permettre une minute d'inattention. La clé de voûte de la sortie de crise doit être la mise en œuvre sans tarder des décisions prises à Bruxelles fin juin", a insisté le chef du gouvernement italien.

» Quelles décisions ont été prises en juin? Pour le savoir, lire : "la zone euro se dote d'un pacte de croissance".

François Hollande a, enfin, vanté "la qualité" des relations franco-italiennes. C'est "un point très important pour régler les questions qui sont encore de notre responsabilité pour les jours qui viennent pour consolider, renforcer la zone euro", a-t-il martelé.

Zone euro, la peur de l'été dernier

L'Espagne confrontée à une envolée de la dette de ses banques et de ses caisses publiques, la Grèce qui ne sort toujours pas du gouffre, l'Italie qui inquiète etc. La crise gronde de plus en plus en ce début d'été. Toutes les économies des pays qui en font partie étant liées, c'est la stabilité de la zone euro toute entière qui est menacée. Et du coup, les marchés s'inquiètent. La semaine dernière, toutes les bourses étaient dans le rouge. Et l'Agence de notation Moody's a même mis sous perspective négative la dette de trois pays européens notés AAA, dont l'Allemagne, pilier jusqu'ici inébranlable de la zone euro. François Hollande et Mario Monti ont donc à cœur de partir en vacances sans craindre un remake de l'été dernier, durant lequel les bourses européennes avaient chuté pendant plus de dix jours d'affilés.

» Pour comprendre, lire notre analyse : "zone euro, souviens-toi l'été dernier"  

Or si ce déjeuner entre les deux dirigeants parait informel et banal, il a son importance. Car pour les marchés, toutes les déclarations visant à les rassurer comptent.

La bataille de la com'

En fin de semaine dernière, quelques mots de Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, avaient suffi à faire rebondir les bourses. "La BCE est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro", a-t-il déclaré lors d'une conférence d'investisseurs, jeudi. "Et croyez-moi, ce sera suffisant." Le jour même, Paris a clôturé sur un bond de 4,07%, Londres à plus 1,36%, Francfort à plus 2,75%, Milan à plus 5,62% et Madrid à plus 6%.

"Les déclarations fortes du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, sur la défense de l'euro sont le signe que la zone euro œuvre résolument à sa préservation et sa consolidation", a d'ailleurs salué mardi François Hollande.

Même les rumeurs sont importantes. Le rebond des bourses de fin de semaine dernière s'explique, selon les analystes, en partie aussi grâce à une information selon laquelle les pays de la zone euro prépareraient un changement des statuts du Fond de stabilité financière (FESF). Ce Fond commun pourrait devenir une sorte de banque, et les pays en difficulté pourraient s'y refinancer directement, sans contrepartie et à moindre cout. Une rumeur formellement démentie par l'Allemagne, premier contributeur, mais qui a fait son effet sur les marchés.  

» Lire pour comprendre : "pourquoi quand Draghi parle, la zone euro souffle"

Les bourses en attente des décisions de la BCE

La Bourse de Paris était à l'équilibre mardi à la mi-journée, avant les déclarations de François Hollande et Mario Monti. Les mauvaises statistiques de la séance jouaient peu sur la tendance. Le taux de chômage de la zone euro a notamment franchi, en juin, un nouveau record, à 11,2% et pourrait grimper jusqu'à 12% l'an prochain, compte tenu de la dégradation de la conjoncture. Il a franchi un nouveau record en Italie et l'Allemagne n'est pas épargnée: la première économie de l'union monétaire a vu le nombre de ses chômeurs repartir à la hausse en juillet.

"Plus les statistiques sont mauvaises, plus le marché spécule sur de nouvelles mesures de soutien de la part de la Réserve Fédérale américaine et de la Banque centrale européenne, ce qui explique sa résistance actuelle", note Andrea Tueni chez Saxo Banque. Reste à savoir ce que concocte la BCE.