Comment la France s’en sort-elle en temps de crise ? Comme chaque année, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié mardi son rapport annuel sur l’état économique du pays. La mauvaise phase que traverse l’Hexagone est une nouvelle fois confirmée, l’OCDE tablant sur une croissance de 0,1% en 2013. Mais l’OCDE ne se contente pas de délivrer une batterie de chiffres : elle a également distribué les bons et mauvais points au gouvernement sur ses dernières réformes. Passage en revue.
LES SATISFÉCITS
• Une crise plutôt bien gérée. "L’économie française a été sévèrement touchée par la récession mondiale et, plus récemment, par les turbulences dans la zone euro. La crise a été bien gérée", souligne l’OCDE en introduction de sa synthèse. De plus, "les inégalités de revenus ont été contenues", souligne le rapport qui ajoute : "la France est l’un des rares pays de l’OCDE où les inégalités de revenus après impôts et transferts sont restées globalement inchangées entre 1985 et 2008".
• Le crédit d’impôt compétitivité. "Le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (au cœur du Pacte de compétitivité) constitue une avancée importante et reviendra à une baisse de plus de 4 % en moyenne du coût du travail pour les salariés rémunérés jusqu’à 2.5 Smic", souligne l’OCDE.
• L’accord de sécurisation de l’emploi. "Le succès des négociations entre les partenaires sociaux ouvertes depuis la grande conférence sociale de juillet 2012 (emplois d’avenir, contrats de génération, sécurisation de l’emploi) suggère que le dialogue social progresse en France", estime l’OCDE, qui attend néanmoins de voir si cet accord sera validé et transposé dans la loi.
LES CRITIQUES
• Un marché de l’emploi grippé. Selon l'OCDE, le chômage devrait poursuivre sa hausse en France pour atteindre 11,0% de la population active cette année et 11,2% l'an prochain contre 10,3% en 2012. "Les performances du marché du travail des jeunes et des seniors restent le talon d'Achille de la société française", souligne l’OCDE, qui propose d’élargir le RSA aux moins de 25 ans en échange d'une obligation de se former, de chercher un emploi et d'accepter les offres d'emplois proposées.
• Un système fiscal illisible. La France est régulièrement épinglée pour son système fiscal, aussi complexe que riche en niches fiscales et autres crédits d’impôt. Résultat, un Français sur deux ne paie pas d’impôt et ceux qui s’en acquittent comprennent rarement son fonctionnement. Pire, les classes moyennes en paient proportionnellement plus que les plus aisés. Pour l’OCDE, "il convient de poursuivre l’élargissement de l’assiette de l’impôt et de réduire le taux normal" : en clair, que plus de monde paie des impôts mais à un taux réduit… ce qui rappelle la promesse d’une vaste réforme fiscale du candidat Hollande, mise entre parenthèses au profit d’une taxe à 75% que l’OCDE étrille.
SES RECOMMANDATIONS
• Ne pas ajouter de la rigueur à l’austérité. L'OCDE estime que les efforts de réduction du déficit doivent se poursuivre comme prévu, sans ajouter en urgence de nouvelles mesures. "Nous pensons qu'il convient de ne pas ajouter davantage de rigueur à la rigueur cette année", a précisé Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE.
• Moins de dépenses, plus de flexibilité. L’OCDE recommande de réduire les dépenses publiques et, à moyen terme, de baisser les prélèvements sur le travail et les entreprises, tout en supprimant les subventions aux entreprises peu rentables ou mal ciblées. Dans le même temps, elle propose d’élargir la définition du licenciement économique, de simplifier les procédures de licenciement et d’assouplir les obligations de reclassement.
• Réformer les retraites. C’est l’un des principaux dossiers abordés par l’OCDE, qui préconise de réformer le système pour limiter les dépenses. Il invite également la France à supprimer les régimes spéciaux.
• Simplifier la carte administrative. Partant du constat qu’une commune française compte 1.800 habitants en moyenne, contre 5.500 dans le reste de l’Union européenne, l’OCDE propose de fusionner les petites communes et de supprimer les départements. Mais un obstacle de taille inquiète l’OCDE : "le cumul fréquent entre un mandat national et un mandat exécutif local représente un obstacle à la réforme profonde de l’organisation territoriale et, au-delà, au bon fonctionnement des institutions".