La majorité du miel consommé en France est importé. Souvent de loin et d’une qualité très variable.
L’info. L'Union nationale des apiculteurs français a dressé mardi un bilan bien triste de l’année 2013. En l'espace de 10 ans, la France a divisé par deux sa production de miel. Et elle a continué à reculer l’an dernier pour descendre à 15.000 tonnes produites. Sauf que les Français en consomment en moyenne 40.000 tonnes. L’Hexagone importe donc plus de 62% du miel qu’il consomme. D’où provient-il ?
Chine, Espagne et Europe de l’Est, nos premiers fournisseurs. Selon les chiffres de France AgriMer, la France a importé 25.500 tonnes de miel en 2012 pour un montant total de 72 millions d’euros. 23% provenait d’Espagne, 17% de Chine, 12% d’Argentine et 11% de Hongrie. Suivi par l’Allemagne, qui fournit 9% du miel que nous avons importé cette année. Puis l’Ukraine et l’Italie. La Chine, un pays dont la production ne cesse de progresser.
Une tendance confirmée par les chiffres 2013 du ministère des Finances. Selon les Statistiques agricoles annuelles du ministère des Finances, notre premier fournisseur est devenu chinois en 2013, avec 5.711 tonnes importées. Suivent l’Espagne (5.432 tonnes), l’Ukraine (3.147), l’Allemagne (2.625 tonnes) et la Hongrie (2.352 tonnes).
En résumé, les importations en provenance de la Chine et des pays d’Europe de l’Est ne cessent de progresser, tandis que les importations venant d’Amérique (Argentine, Uruguay, Brésil, Mexique) reculent. Le bond des importations chinoises est particulièrement remarquable : alors qu’elles ne représentaient que 10% du miel que nous importions en 2011, elles sont passées à près de 20% en 2013.
Pourquoi importer tant de miel ? D’abord car nous n’en produisons pas assez et, pire, de moins en moins. Mais c’est aussi une question financière. L’industrie agroalimentaire privilégie le facteur prix, et à ce petit jeu, la France est clairement perdante : alors qu’il faut compter 3 euros le kilo de miel français, ce tarif tombe à 1,5 euros lorsqu’il produit à l’étranger, selon les chiffres de la FNSEA.
Mais des soucis de qualité. Sur le plan comptable, le choix d’importer est tout à fait logique. Sur le plan gustatif, il en va autrement. Pour faire baisser les prix, certains producteurs n’hésitent pas à récolter le miel trop tôt, c’est-à-dire avant maturation. En clair, ils n’attendent pas que les abeilles aient rebouché les alvéoles où est stocké le miel dans la ruche. Résultat, un produit moins stable, gorgé d’eau et qui a tendance à trop fermenter. Le miel ainsi récolté est donc moins bon et se dégrade bien plus vite. Une pratique tellement répandue en Chine que son miel a été interdit d’importation dans l'Union Européenne entre 2002 et 2004. Sauf que, depuis, la Chine est devenue le premier producteur mondial de miel, avec 300.000 tonnes par an, contre 15.000 tonnes pour la France.
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