Interviewé vendredi matin sur Europe 1, Pierre Kosciusko-Morizet s'est montré très critique vis-à-vis du gouvernement, qui a bloqué la vente du site Internet Dailymotion au géant américain du web Yahoo !. Mercredi, Arnaud Montebourg avait en effet refusé que le géant américain prenne le contrôle de la pépite française. Selon lui, les start-up françaises risquent toutes de pâtir de cette affaire. "Nous sommes devenus la risée d'Internet. Pour les investisseurs étrangers, ça veut dire que s'ils investissent en France, même dans une boite qui marche bien, il peut y avoir au moment de la revendre un ministre qui fait tout capoter en disant 'cette boite n'est plus à vendre et tant pis pour les actionnaires".
>> A LIRE AUSSI : Le dossier Dailymotion enflamme Bercy
"Une entreprise globale". Pour le fondateur de Priceminister.com, l'avenir du site de vidéos en ligne passe forcément passe l'international. "Ça n'a aucun sens que Dailymotion reste français. C'est une boite globale, qui fait l'essentiel de son chiffre d'affaires hors de France. Elle a besoin d'un acteur mondial pour se développer. Si elle ne se vend pas, à Yahoo ! ou à un autre, elle finira par mourir." Pierre Kosciusko-Morizet raille également ceux qui présentent le site de vidéos comme une entreprise stratégique : "c'est de la vidéo sur Internet, on n'est pas dans la fabrication d'avions militaires ! Ce qui serait vraiment stratégique, ce serait de créer les conditions pour développer un groupe comme Yahoo !en France."
>> A LIRE AUSSI : Yahoo ! a-t-il la santé vacillante ?
L'exemple de Priceminister.com. Pour justifier l'intérêt de vendre Dailymotion à un groupe étranger, Pierre Kosciusko-Morizet prend l'exemple de Priceminister, qu'il a vendu en 2010 à un groupe japonais. "Nous en sommes très contents, ça a permis au site de se développer beaucoup plus que si nous avions été indépendants : le volume d'affaire a été multiplié par trois, le nombre de salariés par deux et le budget marketing par 2,5." Il reconnait toutefois une différence majeure entre son cas et celui du site de vidéo : "on a vendu à des Japonais, ce n'est pas pareil que de vendre à des Américains. Les Américains ont tendance à imposer leur manière de faire, les Nippons voient les choses un peu différemment."
Un "mal français". Pour PKM, l'interventionnisme de la classe politique est un "problème récurrent en France". "Les ministres ne connaissent rien aux entreprises. Arnaud Montebourg n'a jamais travaillé dans une entreprise, ce qui serait un minimum pour travailler dans un ministère qui a avoir avec les entreprises. (…) En France, les politiques pensent que c'est à eux de diriger les entreprises. Dès qu'un ministre baisse dans les sondages, il va voir une entreprise en difficulté et joue au chevalier blanc pour la sauver. On en a marre de ça, ça fait du mal aux entreprises."