INTERVIEW E1. "Yahoo! veut dévorer Dailymotion. Nous leur avons dit non". Arnaud Montebourg est revenu, mercredi sur Europe1, sur sa détermination à garder le site de partage de vidéos en ligne sous les couleurs tricolores. Le ministre du Redressement productif a ainsi confirmé que Bercy était intervenu pour éviter que le géant américain s'accapare une trop grosse partie du capital de Dailymotion. J’ai reçu le PDG ou le représentant de Yahoo, et celui d’Orange, dans mon bureau", a indiqué Arnaud Montebourg.
Le contexte. Yahoo! négociait depuis plusieurs mois une entrée à 75% dans le capital de Dailymotion, possédé à 100% par Orange, dont l'Etat est actionnaire à 27%. Mais le gouvernement, notamment par la voix d'Arnaud Montebourg, soutenu par Pierre Moscovici, a fait savoir qu'il refusait catégoriquement une entrée à plus de 50% dans le capital du site français. Et Stéphane Richard, le PDG d'Orange, qui brigue un second mandat à la tête de l'opérateur, "n'aurait pas voulu se brouiller avec l'Etat", explique le journal Le Monde.
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Ce que veut le gouvernement. Contacté mercredi par Europe 1, le ministre du Redressement productif a expliqué que Yahoo! était trop gourmand. "Nous leur avons dit non, ce sera 50/50, c’est-à-dire que nous souhaitons un développement équilibré. Nous sommes pour une autre solution, du type de celle qui a existé entre Renault et Nissan. C’est un très bel exemple où l’identité des deux entreprises a été préservée et où le tout fait un développement mondial. C’est l’intérêt de la France et c’est l’intérêt de Dailymotion, qui est une pépite française qu’il faut préserver", a développé Arnaud Montebourg.
Pourquoi l’État était-il si exigeant ? Deux éléments majeurs expliquent la détermination du gouvernement à garder la "perle" sous les couleurs tricolores. Le premier : l'emploi. "Nous ne sommes pas dogmatiques mais cette option d’une entrée de Yahoo! n’a de sens que si le portail américain prend des engagements très forts sur le maintien de l’activité et du siège en France", explique un haut fonctionnaire de Bercy, cité par la Tribune. Le site de partage de vidéos emploie 180 personnes, dont 120 à Paris.
Et comme l'explique une source proche de Bercy citée par la Tribune, le gouvernement réfléchit également à la création d'un "pôle numérique français" autour de Dailymotion avec "des activités connexes" à celle du partage de vidéo. Via le Fonds stratégies d'investissement (FSI), l'Etat pourrait même reprendre des participations dans Dailymotion pour l'aider à son développement (le chiffre d'un investissement à hauteur de 50 millions d'euros est avancé par certaines sources).