Dix équipes pluridisciplinaires (réunissant architectes, urbanistes, économistes, météorologues ou artistes) ont planché pendant onze mois sur le Grand Paris de 2050. Dix scénarios sont nés de ce travail que le public pourra découvrir sur des tables lumineuses, des plans en relief, de nombreux écrans de télévision et même avec le cri des mouettes, dès le 30 avril à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine à Paris. Gratuite, la manifestation durera six mois, jusqu'au 22 novembre.
Deux chantiers ont été lancés même si la consultation n'avait pas vocation à être un concours mais plutôt un "appel à idées" : la "métropole d'après-Kyoto" et la "métropole parisienne". Le Britannique Richard Rogers (Stirk) a choisi d'insister sur l'écologie et le partage des ressources avec, en surface, une peau de corridors verts. Yves Lion (Descartes) veut lui créer 20 villes de 500.000 habitants et un réseau de transport développé permettant à chacun de traverser la métropole en tous sens. Il insiste aussi sur l'importance de l'infiltration de la végétation dans la ville pour anticiper le réchauffement climatique.Djamel Klouche (AUC) axe son projet sur des noeuds de rencontres et de flux autour des axes de transport.
Christian de Portzambac s'est inspiré de la racine du bambou pour imaginer le Grand Paris de demain avec un nouveau métro aérien qui suit le périphérique ou la naissance d'une gare Nord-Europe à Aubervilliers. Antoine Grumbach veut associer l'eau au fer et à la route en étendant Paris au Havre pour offrir un port à la capitale.
Jean Nouvel se lancerait plutôt à l'assaut des hauteurs en se basant sur l'existant. Les Italiens Secchi-Vigano (Studio 09) veulent développer la mixité, un transport fluvial de proximité et permettre au TGV de traverser la ville de part en part. L'Allemand Finn Geipel (LIN) alterne ville dense et ville légère. Le Néerlandais Winy Maas (équipe MVRDV) évoque une "ville plus compacte", aux immeubles surélevés.
Roland Castro appelle au "devoir d'urbanité" avec le ticket de métro unique pour favoriser la mobilité, trois tramways périphériques, un métro express sur le tracé de l'A86 et des batobus sur la Seine et sur la Marne. En plus de monuments symboliques, style carte postale, qui évoquent Manhattan ou Sydney.
Bref, un enthousiasme manifeste des architectes pour le projet. A l'heure de présenter leurs créations, une angoisse les tenaille. "Nous avons envie de continuer" dit Djamel Klouche. Antoine Grumbach espère que Nicolas Sarkozy fera des propositions "pour qu'on continue à travailler de manière intelligente". "Si on a fait tout cela, ce n'est pas pour que ça s'arrête", résume enfin Jean Nouvel.