L’INFO. C’est l’heure de rendre les copies. Au mois d’avril, la France avait présenté un devoir parfait, assurant réduire le déficit hexagonal pour qu’il passe sous la barre des 3% d’ici 2015. Lundi, la Commission européenne de Bruxelles va se prononcer sur la trajectoire budgétaire présentée. Elle va donc dire si elle y croit et si elle va sanctionner la France. Problème : selon plusieurs sources, le gouvernement se serait arrangé avec les chiffres pour rentrer dans les clous.
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Des chiffres maquillés ? “On est en train de faire un mini-coup à la grecque,” confie un conseiller de Matignon qui a travaillé sur le document de trajectoire budgétaire examiné lundi à Bruxelles. Ce dernier fait directement référence à la manière dont, à partir de 2001, le pays a maquillé ses comptes publics avec l’aide de la banque américaine Goldman Sachs.
Si les chiffres ont été habillés, c’est comme en Grèce, pour limiter la casse. Pourtant, en coulisses, tout le monde dit que la France n’atteindra jamais ses objectifs de réduction du déficit et que la situation du pays est pire que ce que l’on dit.
15 milliards envolés. Du côté de la Cour des comptes, on admet un peu gêné que les objectifs vont être difficiles à réaliser. Il faut dire que l’Etat part plutôt mal. Selon les prévisions, il devait engranger 30 milliards d’euros de recettes en plus en 2013. Problème : les prévisions de croissance et les recettes fiscales ont été trop optimistes. Au final, ce sont 15 milliards d’euros qui manquent. 2014 commence donc avec du plomb dans l’aile et l’équivalent de 0,8% de PIB en moins dans les caisses.
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Bruxelles ne dira rien. Pire, selon un ex-conseiller du gouvernement, toutes les économies mentionnées dans le texte remis à la Commission européenne existent déjà depuis longtemps. Concernant les 50 milliards d’économies du pacte de responsabilité, rien n’est documenté : on ne dit pas comment on y arrive. Conclusion : tout le monde sait que nos comptes ne tiennent pas la route.
Problème : à Bruxelles personne ne devrait rien dire. Selon les Echos, la Commission devrait répéter à la France qu'elle doit tenir ses objectifs, mais l'avancée de la réforme territoriale, du pacte de responsabilité et la poussée du FN aux élections européennes devraient la dissuader de se prononcer dès maintenant sur des sanctions potentielles.
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