Des dates de péremption plus longues ?

La loi sur l'alimentation en outre-mer qui vient d'être promulguée il y a deux jours © PHOTOPQR/LE PROGRES/THEVENOT
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Sophie Amsili et avec Pascal Berthelot , modifié à
INFO E1 -

L'exécutif veut harmoniser celles de métropole et d'outre-mer et va signer un plan de lutte anti-gaspillage.

INFO E1. Et si nos yaourts, nos steaks et nos œufs pouvaient se consommer une à deux semaines de plus ? Cela pourrait également être une conséquence de la loi sur l'alimentation en outre-mer qui vient d'être promulguée il y a deux jours. Le texte prévoit, en effet, d'aligner les dates limites de consommation (DLC) qui sont très souvent plus tardives en outre-mer sur des produits identiques à ceux vendus en métropole. Selon nos informations, le gouvernement cherche également à rallonger les dates de péremption, dans le cadre d'un plan de lutte contre le gaspillage qu'il doit cosigner le 14 juin avec la FAO, la branche alimentaire des Nations unies.

Les fabricants libres de fixer la date. Plus de 300 produits frais font aujourd'hui l'objet d'une DLC différenciée en métropole et dans les départements d'outre-mer, selon Victorin Lurel, ministre des Outre-mer. Celui-ci cite ainsi les yaourts, dont certains ont une DLC de 30 jours en métropole et de 50 jours outre-mer, le reblochon qui "est commercialisé avec une DLC de 35 jours dans l'Hexagone et de 70 jours dans les outre-mer" ou "tel sachet de gruyère râpé" avec "une DLC de 40 jours" en métropole et "180 jours en outre-mer". Ces différences sont légales, puisque les fabricants sont libres de fixer la DLC sur leurs produits.

Quelle solution ? Les fabricants ont désormais six mois pour aligner les dates limites de consommation. Mais vont-ils rallonger celles de métropole ou raccourcir celles d'outre-mer ? Cette dernière option paraît difficile car le temps de transport est incompressible. Un bateau chargé de marchandises met ainsi une semaine, voire dix jours, pour arriver aux Antilles. Mais retarder la DLC des aliments vendus en métropole fait bondir les industriels de l'agro-alimentaire : une consommation plus longue signifie moins de gaspillage et donc moins de ventes. Des consommateurs qui jettent moins leurs produits "périmés" se précipitent, en effet, moins dans leur magasin pour les remplacer.

Un plan de lutte contre le gaspillage. Outre la loi sur l'Outre-mer, le gouvernement doit cosigner le 14 juin un plan de lutte contre le gaspillage avec l’Organisation des Nations unies sur l'alimentation et l'agriculture. Dans ce cadre, le ministère de l'Agroalimentaire réfléchit en ce moment "activement" à la manière de rallonger les date de péremption en France. De quel durée faut-il rallonger les dates ? Comment inciter et/ou contraindre les entreprises ? Quels produits doivent-être concernés ? Les réponses devraient être apportées dans les prochaines semaines. 

Un risque pour la santé ? "Ces dates limites sont parfois excessives et ce n'est pas toujours dangereux de consommer le produit après", assure au micro d'Europe1 le nutritionniste Jean-Michel Cohen. "Quand la conservation est bien faite, on peut pousser la consommation au delà, pendant plusieurs jours. Les industriels et les autorités ont fait en sorte de prévoir une marge de sécurité", poursuit le spécialiste, qui n'est pas non plus favorable à un trop grand allongement de la date, pour justement préserver cette marge de sécurité. "Cette date est poussée à l'extrême dans les Dom Tom. C'est ça qui est inquiétant", conclut également l'expert.