L'INFO. Après les Apple Store, les Coca Cola Store ? Le géant du Soda vient d'annoncer l'ouverture prochaine de ses propres magasins. Mais ces futures boutiques rouges et blanches ne seront pas que des outils commerciaux, promet la marque. Le but affiché de Coca : venir en aide aux populations privées d'eau potable. Le groupe vise ainsi l'installation de 1.500 à 2.000 boutiques d'ici mi-2015, uniquement dans des pays en développement, où les habitants vivent avec moins de deux dollars par jour. La première vient tout juste d'ouvrir à Heidelberg, en Afrique du Sud.
L'eau potable, des vaccins et internet. "Plus d'un milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable et environ 2,5 milliards ne bénéficient pas de système d'assainissement adéquat", déplore Coca Cola dans un communiqué. Les futures boutiques, "Ekocenter" de leurs petits noms, ne feront pas que proposer les boissons (Coca Cola, Sprite, Fanta ou Minute Maid ) de l'entreprise. Elles seront également dotées d'un système de purification d'eau, mais aussi d'un accès à l'électricité et à internet, pour les populations qui en sont dépourvues. Le tout alimenté par des panneaux solaires, écologie oblige. Le groupe espère ainsi, à terme, distribuer via ses boutiques plus de 500 millions de litres d'eau potables par an, ainsi que d'autres produits et services de première nécessité, comme des vaccins et des cours de soin.
Quel intérêt y trouve la marque ? "Le modèle économique de ces centres n'est pas encore défini", assure le porte-parole du groupe au New York Times. Mais la marque a bien des intérêts à défendre derrière cette opération. "Toutes les sociétés transnationales se lancent. Danone distribue des yaourts dans des pays pauvres, Pepsi de la nourriture en Inde et dans la Corne de l'Afrique, certains distribuent même des lunettes... C'est une tendance globale", constate Christian Troubé, journaliste, essayiste spécialisé dans les questions humanitaires et administrateur d'Action contre la faim. "C'est, dans un premier temps, une question de redressement d'images, surtout pour les sodas. Les marques veulent éviter de subir le même sort que les cigarettiers, accusés 40 ans après leurs succès de provoquer des cancers du poumon. Les marques de sodas ne veulent pas être accusées, dans 40 ans, d'avoir rendu la planète obèse", poursuit-il.
Et, à terme, les marques pourraient bel et bien trouver un jour un intérêt commercial à ce type d'opération. "Elles recherchent de nouveaux marchés. C'est le principe du 'Bas de la pyramide' : les plus pauvres représentent un milliard de personnes. Les marques leurs offrent des services gratuitement, dans l'espoir qu'un jour leur niveau de vie augmente et qu'ils deviennent des consommateurs", détaille Christian Troubé.
Une bonne nouvelle quand même ? "Il ne faut pas être dupe et voir ce qu'il y a derrière cette opération. Mais ça peut participer au développement, il y a de la place pour tout le monde dans l'humanitaire", reconnaît le spécialiste. Et de conclure : "ce qui est intéressant avec Coca, c'est sa logistique et son réseau. Même au fond de la savane, ils peuvent acheminer une canette de Coca".