Le rendez-vous. En dévoilant mi-janvier son pacte de responsabilité, François Hollande a proposé aux entreprises une importante baisse des charges en échange de "contreparties", notamment en termes d’emploi. CGT, FO, CFTC, Medef, CFE-CGC, UPA, CFDT, etc. : syndicats et organisations patronales avaient donc rendez-vous lundi avec le Premier ministre pour commencer à définir ces contreparties. Sauf que le dialogue s'avère très compliqué.
Les syndicats très sceptiques. Même si le gouvernement a érigé le dialogue avec les partenaires sociaux en méthode de travail, les échanges ont été très limités. Ces négociations sont un "marché de dupes", a lancé le numéro un de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly. "Il apparaît qu'aucune contrepartie n'est aujourd'hui inscrite entre le président de la République et le Medef pour justifier les 30 milliards d'euros d'aides aux entreprises", a également regretté Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT.
En clair, le gouvernement est accusé d’avoir fait un cadeau aux entreprises sans imposer la moindre contrepartie. Or les syndicats en exigent des contreparties : des engagements en termes d’embauches, le chiffre d’un million d’emplois revient le plus souvent, ou l’instauration d’aides plus ciblées car jugées plus efficaces.
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Le patronat en veut plus. En tendant d’abord la main aux organisations patronales, lors des vœux du président aux forces vives de la nation, le gouvernement espérait que ce dernier fasse preuve de volonté. Visiblement, il n’en est rien : le président du Medef a répété qu’il refusait de s’engager sur des objectifs chiffrés en termes d’emploi. "N'attendons pas des mesures ‘presse-bouton’ pour créer de l'emploi demain matin, ce sera une conséquence de la confiance restaurée", a-t-il souligné à sa sortie.
Non seulement le Medef ne répond pas à la principale revendication des syndicats, mais il en demande plus au gouvernement. Alors que François Hollande a promis une baisse de charges à hauteur de 30 milliards d’euros d’ici 2017, Pierre Gattaz a souligné qu’il en attendait le double, soit 60 milliards d’euros, pour "désasphyxier" l'économie française. Résultat, même le syndicat des cadres CFE-CGC a ironisé sur cette requête : "c'est le jeu de la surenchère, c'est ‘à votre bon coeur, messieurs dames’. (…) Dans un contexte de crise, il faut être sérieux", a réagi sa présidente Carole Couvert.
Le gouvernement encaisse les coups. Alors que le dialogue social lui a plutôt bien réussi, notamment lors de la réforme des retraites, le gouvernement se retrouve donc cette fois-ci critiqué de toutes parts. Et risque le blocage si aucun des partenaires ne fait un pas vers l’autre.
Le gouvernement va donc devoir rapprocher les points de vue et, si les discussions n’avancent pas au niveau national, tenter de trouver un accord au niveau des branches professionnelles. En dernier recours, il pourra mettre ses propositions sur la table. Et il n’en manque pas : engagements sur l'embauche de jeunes et de seniors, relocalisation en France d'entreprises, ou encore renforcement de la formation par alternance ou en apprentissage.
LE PLAN - Hollande dévoile son "pacte de responsabilité"
DECRYPTAGE - Baisser les charges favorise-t-il l'emploi ?
ZOOM - Où trouver l’argent du pacte de responsabilité ?
PISTES - La CGT espère une "remise à plat" des aides